Un gel des prix à la SAQ serait «irresponsable»
La PDG rappelle qu’une telle mesure réduirait le dividende versé à l’État québécois
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Imposer un gel sur les prix des bouteilles de vin et spiritueux vendus à la Société des alcools du Québec (SAQ) serait, dans le contexte actuel, un geste « irresponsable », juge sa PDG Catherine Dagenais.
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«Ce n’est pas comme si le client n’était plus capable de rien acheter à la SAQ, a-t-elle répondu hier, en marge d’une conférence du Cercle canadien de Montréal. Un client qui a un budget plus limité peut toujours acheter un produit moins cher.»
Il y a deux semaines, la députée de Québec solidaire, Ruba Ghazal, réclamait que la société d’État renonce aux augmentations de prix annoncées (3,7% en moyenne) sur plus de 2500 de ses produits. Cette demande, qui fut ignorée, suivait de peu l’annonce de versements de 9 M$ de bonis aux hauts dirigeants de la SAQ.
40 millions par semaine
Pour celle qui dirige le monopole d’État depuis bientôt quatre ans, l’application d’une telle proposition serait une erreur de gestion.
«Si je paye plus cher et que je gèle mes prix, à la fin de l’année, mon dividende — ce que je remets à l’État — va être moindre. [Or], on sait que l’État a besoin des fonds de la SAQ, et tout cela est réinvesti au Québec. Je pense que ce ne serait pas responsable de le faire.»
Pour l’année 2020-2021, la Société des alcools du Québec a effectivement versé près de deux milliards de dollars dans les coffres de l’État québécois. C’est l’équivalent, à peu de chose près, de 40 millions de dollars par semaine qui sont ainsi remis au gouvernement, grâce à ses activités de commerce des vins et spiritueux.
La présidente et chef de la direction fait valoir que fort de 15 000 produits sur ses tablettes, le choix offert aux clients de la SAQ est grand. «S’il est difficile pour un client d’acheter une bouteille à 15 $, il peut en acheter une à 13 $ ou à 12 $. Il a le choix.»
Décision «à la Amazon»
Par ailleurs, malgré les critiques formulées par la CSN, Mme Dagenais réitère son intention de poursuivre ses projets d’agrandissement et d’automatisation de son centre de distribution. Une décision «à la Amazon» qui pourrait, selon le syndicat, entraîner des pertes d’emplois parmi les travailleurs de SAQ.com.
Refusant d’admettre la moindre aspiration à devenir un «Amazon québécois de l’alcool», la patronne de la SAQ a tout de même reconnu s’inspirer des « meilleures pratiques » en matière de distribution.
Et ce, non sans souligner au passage, que le modèle développé par Amazon avait permis à l’entreprise américaine d’accaparer presque la moitié du marché des commandes en ligne sur la planète.