Des résidents de Lachine craignent des balles perdues
Un véritable climat de terreur s’est installé dans le quartier Saint-Pierre
Des résidents du quartier de Lachine, où un criminel s’est fait assassiner lundi, craignent tellement la vague de violence qu’ils envisagent de déménager, même s’ils y sont installés depuis des décennies.
« C’était tranquille avant », lance Christine Blake, une septuagénaire qui a vécu toute sa vie dans le secteur Saint-Pierre.
« Quand je vais prendre l’autobus, je fais vraiment attention, il pourrait y avoir des balles perdues. Je vais peut-être décider de quitter le quartier plus tôt que prévu », ajoute avec déception celle qui espérait quitter sa maison pour une résidence pour aînés le moment venu.
Linda Goyette, née dans le quartier, songe elle aussi à quitter son appartement en raison du « climat qui devient pesant ».
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D’autres résidents rencontrés mardi par Le Journal ont livré des témoignages similaires, décrivant ainsi la « crainte constante » à laquelle ils sont désormais confrontés.
Long dossier
Le plus récent événement sanglant s’est produit lundi, peu avant minuit. Jonathan Plouffe, un homme de 34 ans dont la longueur du dossier criminel rivalise avec celle des plus grands bandits du Québec, a été tué par balles alors qu’il se trouvait à l’angle de la rue Richmond et de l’avenue Saint-Pierre.
L’homme était bien connu des policiers du secteur pour divers délits et pour son état des plus « instables », selon nos sources.
« Depuis 15 ans, la population a vraiment changé dans le quartier de Ville Saint-Pierre. Il y a des membres de gangs de rues qui ont pris le contrôle du secteur et d’un immeuble résidentiel en particulier. Leur présence engendre beaucoup de criminalité dans le secteur », a indiqué un policier du coin, sous le couvert de l’anonymat.
Des compagnies de taxi refuseraient même de se rendre dans certaines rues, a indiqué une femme qui a préféré taire son nom par crainte de représailles. Elle doit marcher quelques minutes et se rendre dans des rues « moins chaudes » pour pouvoir embarquer dans un taxi.
« J’aimerais déménager, mais je trouve que les loyers sont trop chers ailleurs. Quand des gens emménagent dans mon bloc, je leur dis de s’en aller au plus vite », explique-t-elle.
Quartier bruyant
Aucun suspect n’a encore été arrêté par la police de Montréal. Les enquêteurs des crimes majeurs risquent également d’avoir de la difficulté à trouver des témoins pertinents : non seulement le crime s’est produit tard le soir, mais il s’agit aussi d’un secteur très bruyant, étant bordé par l’autoroute 20 et la rue Saint-Jacques. Quoi qu’il en soit, l’enquête sur ce 11e meurtre à survenir à Montréal cette année se poursuit.
-– Avec Maxime Deland, Agence QMI