En campagne, Macron demande une majorité aux législatives
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À trois jours du premier tour des élections législatives en France, le président Emmanuel Macron a appelé jeudi les Français à lui donner « une majorité forte et claire » en renvoyant dos-à-dos la gauche radicale et l’extrême droite.
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Sans les nommer expressément, M. Macron s’en est pris au chef de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, et la candidate d’extrême droite, Marine Le Pen, qui veulent, selon lui, notamment « revenir sur les alliances qui comme l’Otan assurent la sécurité collective et protègent les peuples » au moment « où je parle avec la Russie qui massacre les civils en Ukraine ».
« Les extrêmes aujourd’hui proposent d’ajouter de la crise à la crise en revenant sur les grands choix historiques de notre nation », a lancé le chef de l’État français, dramatisant l’enjeu du scrutin depuis Puycelsi, un petit village rural dans le sud-ouest de la France.
Il a aussi dénoncé leur volonté de « remettre en cause l’Europe, elle qui nous a protégés pendant le COVID, l’Europe sans laquelle nous n’aurions pas eu de vaccin ».
Le discours de M. Macron a sonné comme un appel à la mobilisation, au moment où une alliance de partis de gauche sous la houlette de M. Mélenchon pourrait menacer la majorité absolue du parti de M. Macron et ses alliés centristes à l’Assemblée nationale.
L’absence d’une telle majorité compliquerait le chemin des réformes que le président souhaite entreprendre pour son second mandat, sur les retraites notamment.
Renvoyant dos-à-dos la gauche et l’extrême droite, il a estimé qu’elles représentaient « le désordre » pour la France et dit vouloir « alerter les Français sur l’importance du choix » lors de ces législatives.
-Majorité relative ou absolue- » Rien ne serait plus dangereux que d’ajouter au désordre mondial un désordre français que proposent les extrêmes », a-t-il dit, en critiquant aussi leurs projets économiques.
La réplique du leader de la gauche radicale n’a pas tardé: « Ce n’est pas au président de mener la campagne législative », a déclaré Jean-Luc Mélenchon, regrettant « toutes sortes d’agressions inutiles » traduisant une « fébrilité ».
Les Français doivent renouveler la totalité de l’Assemblée nationale, soit 577 députés, lors d’un scrutin majoritaire à deux tours, les 12 et 19 juin, un mois et demi après la réélection du président Macron le 24 avril face à Marine Le Pen.
Le principal enjeu est de savoir si M. Macron disposera d’une majorité relative ou absolue à l’Assemblée et le poids des oppositions notamment de gauche.
Or, selon les derniers sondages du premier tour dimanche, l’alliance de M. Mélenchon obtiendrait 28% des intentions de vote contre 27% pour le parti du président Macron et ses alliés, le parti de Marine Le Pen arrivant loin derrière en troisième position.
M. Macron a profité de ce déplacement, axé sur la sécurité en milieu rural, pour détailler les grands axes de son programme pour le second quinquennat, notamment pour « doubler » la présence des forces de l’ordre sur la voie publique d’ici la fin de la décennie, « ce qui est une petite révolution ».
Il s’est en outre insurgé contre les propos tenus par Jean-Luc Mélenchon sur « la police qui tue » en France, après la mort d’une jeune femme tuée lorsque des policiers ont tiré samedi sur une voiture à Paris.
« Il y a des choses que, de là où je suis, je ne peux pas accepter, c’est qu’on insulte celles et ceux qui risquent leur vie pour protéger la nôtre », a déclaré le président français.
Auparavant, dans la ville de Gaillac jeudi matin, Emmanuel Macron a été interpellé par une jeune femme au sujet de deux ministres accusés de violences envers des femmes.
La libération de la parole, « je l’ai accompagnée et je continuerai de l’accompagner, de la protéger. En même temps, pour fonctionner en société vous devez avoir de la présomption d’innocence », a-t-il répondu.
Les cris de « menteur » et un « vous êtes abominable » ont alors retenti.