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Voyages médicaux dangereux: aux soins intensifs depuis deux mois

Soumia Khabzagua
Soumia Khabzagua est aux soins intensifs d’un hôpital turc depuis le 28 mars dernier. Photo courtoisie


La famille d’une Montréalaise de 38 ans aux soins intensifs depuis plus de deux mois en Turquie, après une chirurgie bariatrique qui a tourné au cauchemar, souhaite à tout prix la ramener au pays.

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«Je suis déprimé, démoralisé. J’ai toujours peur de perdre ma femme», raconte Sami Touggari.  

Sa conjointe, Soumia Khabzagua, a quitté le Québec le 28 mars dernier afin de subir une gastrectomie en manchon (sleeve) dans un hôpital privé d’Istanbul, en Turquie, pour la somme de 10 000 $.

Ce type de chirurgie bariatrique destiné aux personnes aux prises avec de l’obésité sévère consiste à retirer les deux tiers de l’estomac afin de réduire sa taille, et du même coup l’appétit du patient. 

Soumia Khabzagua
Sa chirurgie bariatrique a tourné à l’horreur après qu’elle eut subi une hémorragie interne. Photo courtoisie

L’attente au Québec peut être de plusieurs années pour ce type de chirurgie et coûter plus de 20 000 $ au privé.

Mais dès les débuts de la chirurgie, une hémorragie interne importante est survenue, touchant même l’aorte, selon un rapport médical obtenu par Le Journal.

Depuis, la mère de trois enfants a été plusieurs semaines dans le coma, et ses proches ont de la difficulté à obtenir des données claires sur son état de santé.

«On ne sait pas si ça se guérit ou non. Les médecins n’ont pas réussi à nous rassurer ou à nous dire qu’il n’y avait pas d’espoir», affirme son amie Dalila Ghazali.

Sa famille a depuis déboursé plus de 10 000 $ supplémentaires afin de couvrir les services médicaux turcs, car elle ne s’est pas procuré d’assurance avant le départ. 

INFLUENCÉE PAR UNE INFLUENCEUSE

Soumia Khabzagua, qui vivait des moments difficiles psychologiquement, avait été intriguée par les publications Instagram de Yasmine Belkacem, une influenceuse qui vante les vertus des chirurgies bariatriques à ses 4,3 millions d’abonnés. 

Cette Algérienne basée en Turquie l’a par la suite référée à International Clinics, une compagnie turque de services médicaux et esthétiques qui offre des forfaits comprenant la chambre d’hôtel et l’avion.

Mme Belkacem, qui avait elle-même eu recours à cette chirurgie à l’automne 2021, lui a même rendu visite à l’hôpital peu avant le début des procédures.

«Ils lui ont dit que la chirurgie allait durer une heure, qu’elle était facile. Ils l’ont influencée au point où elle n’a pas pris d’assurance voyage», dit Mme Ghazali. 

Yasmine Belkacem et International Clinics n’ont pas répondu aux demandes d’entrevue du Journal

RETOUR DISPENDIEUX

Les proches de Soumia Khabzagua souhaitent donc la rapatrier au Canada afin qu’elle puisse avoir les soins adéquats. 

Soumia Khabzagua
Les interventions chirurgicales ont laissé une immense cicatrice sur le ventre de Mme Khabzagua. Photo courtoisie

Elle doit être transportée par avion-ambulance, en raison de son état de santé précaire, un trajet qui n’est pas payé par les services consulaires canadiens. Selon des estimations obtenues par la famille, le vol entre Istanbul et Montréal coûterait environ 115 000 $. 

«J’essaie de ramener ma femme, est-ce qu’il y a une solution?» implore M. Touggari, qui ne sait plus à quel saint se vouer après le refus d’Ottawa.

Affaires mondiales Canada affirme pour sa part lui offrir «un soutien continu et une assistance consulaire».

RISQUES ÉLEVÉS 

«Le grand risque du tourisme médical est que les protections qu’on retrouve dans les services de santé au Québec sont plus limitées ou même inexistantes», dit Me Patrick Martin-Ménard.

Selon lui, il est important de prévoir toutes les situations. 

«Quel est le plan de match s’il y a des complications?» se demande l’avocat en droit de la santé.

«Le fait de se retrouver après une chirurgie dans un environnement où on n’est pas familier au point de vue langagier, culturel ou médical, c’est très difficile», précise-t-il.

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