L’usine IBM de Bromont fête ses 50 ans
Chaque serveur produit par IBM contient au moins une composante assemblée et testée en sol québécois
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Une usine de microprocesseurs de 1,2 milliard de dollars du géant américain IBM, qui compte 1000 employés et fabrique chaque semaine à Bromont 100 000 modules à l’abri des regards, a célébré son 50e anniversaire, hier.
« Les processus d’IBM sont très robustes pour pallier ces menaces-là », répond du tac au tac au Journal Stéphane Tremblay, directeur en chef de l’usine, quand on lui demande si l’usine attire l’attention des puissances étrangères.
« On a une centaine de brevets, qui ont été développés ici ces dix dernières années », ajoute celui qui a gravi les échelons un à un depuis 31 ans.
Hier, la multinationale IBM a invité dignitaires et médias à une visite soigneusement orchestrée pour marquer le 50e anniversaire de l’usine.
Cinq fois plus d’employés
Ouverte en 1972 avec 200 employés, l’usine de Bromont fabriquait au départ des circuits intégrés.
Elle a quintuplé depuis son nombre d’employés et arrive à assembler quelque 20 000 semi-conducteurs par jour en Estrie.
« C’est l’usine de Gaulois dans un contexte mondial où les microprocesseurs et les puces sont en grande partie fabriqués en Europe, même en Asie », a illustré au Journal, François Bonnardel, député de Granby et ministre des Transports.
Hautement stratégique
Alors que la pénurie de microprocesseurs ralentit des secteurs comme celui de l’automobile, les États-Unis font des pieds et des mains pour relancer l’industrie chez eux plutôt que de dépendre de l’Asie.
En début d’année, le président américain, Joe Biden, a annoncé avec Intel un investissement de 20 milliards de dollars pour faire des puces électroniques au pays.
L’an dernier, Joe Biden avait même rencontré le président sud-coréen, Moon Jae-in, pour que les deux pays réduisent leur dépendance aux Chinois.
Pour les États-Unis, l’usine québécoise d’IBM est donc stratégique.
Lorsque l’on arpente ses couloirs, rien n’est laissé au hasard.
Environnement contrôlé
Des employés travaillent 24 heures sur 24 dans un environnement hautement contrôlé.
« Les employés portent un masque parce que même un postillon peut être suffisant pour endommager la pièce. On veut faire très attention », explique aux visiteurs Fréderic Tracey, directeur des ressources humaines.
Dans certaines salles, le plancher est surélevé pour garder de l’espace en dessous des machines pour pouvoir les refroidir sans arrêt.
L’air et la lumière sont mesurés. Les pièces sont manipulées avec le plus grand soin au sortir des machines ultras sophistiquées.
Mais en pleine pénurie de main-d’œuvre, l’usine ne fait pas exception et a besoin d’une quarantaine d’employés de plus pour accélérer la cadence.
Pour les attirer, IBM propose des bonis, un gymnase et de bonnes conditions travail-famille. Des dessins des enfants d’employés ornent les couloirs.
« À l’opération, on commence à 22 dollars l’heure, plus les primes qui sont avantageuses », souffle Fréderic Tracey.
En français
Croisée lors de la visite, Manon Brodeur, opératrice depuis 37 ans, n’avait que de bons mots pour l’entreprise. « C’est beaucoup en français », répond-elle lorsque lui demande quelle est la langue du travail.
À deux pas d’elle, Luc Alain, chef d’équipe, à l’usine depuis 29 ans, abonde dans le même sens. « Tout se passe en français ici », conclut-il.
Depuis 2001, Investissement Québec a octroyé plus de 8,2 millions de dollars de contribution financière non remboursable à IBM Canada.
- En février dernier, Québec a annoncé une aide financière de 68 millions de dollars pour un ordinateur quantique d’IBM de 130,5 millions de dollars, à Bromont.