L'inflation nous appauvrit
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Plus l’inflation est forte, plus on s’appauvrit.
Comme tout coûte plus cher (transport, essence, alimentation, logement, loisirs, etc.), moins il nous reste de l’argent dans les poches.
Mais en plus, on se fait frapper de plein fouet par l’impact négatif de l’inflation sur nos placements.
Exemple. Par tranche de capital de 100 000 $ d’épargne, si l’inflation annuelle se maintient à 5 %, cela signifie que la valeur « réelle » de ce patrimoine ne vaudra plus que 95 238 $ à la fin de l’année.
Ainsi à cause de l’inflation, le « pouvoir d’achat » de ce 100 000 $ s’en trouvera réduit de 4762 $, selon la « Feuille de calcul de placements » de la Banque du Canada, lequel outil électronique permet d’illustrer les conséquences financières de l’inflation sur les placements et l’épargne.
QUE FAIRE ?
Pour réussir à compenser cette perte de pouvoir d’achat, les épargnants comptent bien entendu sur les revenus de placements que leur capital peut générer.
Or, en raison d’une inflation d’au moins 5 % en 2022, la barre est haute. Très haute.
Pour compenser une inflation de 5 %, ça prend, avant impôts, un rendement minimum de 7,7 % sur ses placements.
LES EXPLICATIONS
En effet, dans l’hypothèse où ledit capital de 100 000 $ serait investi hors REER, j’ai calculé qu’il faudrait obtenir en revenu d’intérêt un rendement minimum de 7,7 % pour réussir à maintenir à niveau notre 100 000 $ de pouvoir d’achat.
Pourquoi un si « gros » rendement ? Parce que les revenus d’intérêt de tout placement hors REER étant pleinement imposables, il y aura donc ponction fiscale.
Or, sur un revenu imposable allant de 50 197 $ jusqu’à 92 580 $, le taux marginal combiné des impôts fédéral et provincial s’élève au Québec à 37,12 %.
Ainsi sur un revenu d’intérêt de 7700 $ par tranche de capital de 100 000 $ (7,7 % de 100 000 $), il faudra payer une somme de 2858 $ en impôts. Ce qui laissera, net dans nos poches, un revenu de 4842 $.
Quand on ajoute ce « revenu d’intérêt » de 4842 $ à la valeur de notre placement après inflation (95 238 $), on se retrouve au bout de l’année avec un capital réel de 100 080 $, soit le même patrimoine réel ou, si vous préférez, le même pouvoir d’achat.
Autrement dit, on bouclera l’année sans avoir en réalité une « cenne » de plus dans nos poches alors qu’on a obtenu un rendement brut de 7,7 % sur notre placement.
RENDEMENT INATTEIGNABLE
Revenons sur terre. Il est actuellement impossible d’obtenir un rendement d’intérêt de 7,7 %. Les meilleurs CPG (certificats de placement garantis) rapportent de ce temps-ci environ 3,85 % pour le terme d’un an, soit la moitié du rendement requis (7,7 %) pour protéger notre pouvoir d’achat.
Du côté des obligations avec échéance sur environ 1 an, on obtiendra du 2,8 % avec les obligations fédérales, du 3,0 % avec les obligations émises par le gouvernement du Québec (incluant les obligations distribuées par Épargne Placements Québec), du 3,25 % avec les obligations municipales et du 3,7 % avec les obligations corporatives.
Pour les fins de notre exemple, un placement de 100 000 $ à 3,85 % d’intérêt rapportera en revenus d’intérêt 3850 $. Après impôts, on parle d’un montant net de 2421 $.
Si on ajoute ce revenu d’intérêt de 2421 $ à la valeur réelle du placement après inflation (95 238 $), on se retrouvera avec un patrimoine réel de 97 659 $ à la fin de l’année.
Donc, après 12 mois, notre patrimoine réel sera dans le trou de 2341 $ par rapport à la valeur initiale de notre placement de 100 000 $
PIRE ENCORE
L’année 2022 s’annonce d’autant catastrophique pour nos finances personnelles que la valeur de nos portefeuilles de placement subit depuis le début de l’année les contrecoups de la chute de la Bourse et de l’importante baisse du marché obligataire, là où se négocient les obligations négociables des gouvernements et des entreprises.
Jusqu’à présent, la Bourse canadienne a perdu près de 10 %, et le marché boursier américain autour de 20 %.
Ça ne va guère mieux du côté des obligations gouvernementales et corporatives canadiennes, leur valeur marchande ayant fondu d’environ 13 % depuis le commencement de l’année.
Se faire frapper à la fois par une forte inflation et une forte baisse des marchés financiers, ça fragilise grandement les portefeuilles de tout un chacun.
Et cette période de forte hausse des taux d’intérêt, ça risque d’être désastreux pour les ménages surendettés.