Des ingénieurs d’ici vont imaginer les trains à hydrogène de demain
Un tout nouveau centre d’innovation d’Alstom naîtra bientôt en Montérégie
Coup d'oeil sur cet article
Le géant ferroviaire français Alstom a annoncé hier la création à Saint-Bruno-de-Montarville, près de Montréal, d’un centre d’innovation qui aura notamment pour mission de développer des trains à hydrogène pour les Amériques.
• À lire aussi: Alstom veut verdir le transport ferroviaire
• À lire aussi: La consommation mondiale de gaz naturel sévèrement affectée par la guerre en Ukraine
Le défi du verdissement du transport ferroviaire en Amérique du Nord est colossal : le territoire ne compte pas moins de 225 000 kilomètres de voies où circulent 27 000 trains propulsés au diesel dans une proportion de... 99 %.
«On pense que l’hydrogène a du potentiel sur de longues distances et pour de la grosse capacité. Les batteries fonctionnent bien sur les tramways, les petites distances où l’on peut recharger souvent», a déclaré hier Michael Keroullé, PDG d’Alstom pour les Amériques.
Quant à l’électrification à l’aide de caténaires, l’option retenue pour le Réseau express métropolitain (REM) de CDPQ Infra, elle est trop coûteuse pour bien des usages, a précisé M. Keroullé.
L’hydrogène suscite beaucoup d’espoir pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans les transports.
Un train en service en Europe
Alstom a une longueur d’avance : l’entreprise a mis au point le tout premier train à hydrogène à être entré en service dans le monde. Il roule en Allemagne depuis 2018.
En revanche, le savoir-faire lié à cette technologie est plutôt rare de ce côté-ci de l’Atlantique.
«L’expertise, aujourd’hui, elle n’existe pas en Amérique du Nord. Il y a quelques experts, mais on n’a pas un pool de ressources qui connaissent l’hydrogène», a reconnu Michael Keroullé.
Adapter pour chez nous
Le dirigeant a néanmoins bon espoir de trouver au Québec 80 ingénieurs ayant des connaissances dans les domaines de l’hydrogène, des batteries et de la propulsion hybride. Leur tâche sera d’adapter des produits européens aux besoins spécifiques des marchés des Amériques ou d’en créer de nouveaux de toutes pièces.
«Il faut qu’on permette aux ingénieurs [québécois] d’acquérir l’expertise qu’on a développée ailleurs [...] et de voir comment elle est adaptable [...] aux réalités locales», a expliqué M. Keroullé.
La production d’hydrogène «vert» et sa distribution à grande échelle font partie des difficultés que devra relever l’industrie.
Alstom n’a pas reçu d’aide publique pour son nouveau centre d’innovation, qui faisait l’objet d’un engagement pris lors de l’annonce de l’acquisition de Bombardier Transport, en février 2020.
L’entreprise a toutefois amorcé des discussions avec Québec pour obtenir un éventuel soutien en ce qui a trait à la conception détaillée et à la construction des futurs trains à faibles émissions.
Michael Keroullé a par ailleurs assuré qu’Alstom a respecté sa promesse de rapatrier au Québec son siège Amériques, lequel était auparavant situé à New York. Trois des quinze hauts dirigeants d’Alstom Amériques continuent néanmoins de travailler dans la Grosse Pomme.