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Inflation et lourdes dettes ne font jamais bon ménage

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Illustration Adobe Stock

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Employée d’un service des incendies en Montérégie, Mélanie touche un salaire mensuel net de 3900 $. Avec des soldes de 14 000 $ sur ses cartes de crédit et un prêt personnel de 8000 $, ses paiements représentent 872 $ par mois, soit 22 % de son chèque de paie. 

Sans surprise, Mélanie peine à joindre les deux bouts. 

« Dans le milieu du crédit, on recommande que les paiements sur ce qu’on appelle les dettes de consommation, c’est-à-dire les cartes et les marges de crédit et les prêts personnels, ne dépassent pas de 10 % à 15 % de son revenu après impôt », rappelle Pierre Fortin, syndic autorisé en insolvabilité et président de Jean Fortin & Associés. 

À 22 %, pas étonnant que Mélanie ait de la difficulté à faire face à l’augmentation de la facture d’épicerie et de l’essence ! Quelles sont les solutions qui s’offrent à elle ?

Rééquilibrer son budget

Habituellement, les trois plus gros postes budgétaires sont, dans l’ordre : le logement, le transport et la nourriture. Dans le cas de Mélanie, les frais de logement (loyer et chauffage) représentent 1370 $ par mois (35 %), les frais de transport (paiement prêt-auto, essence, immatriculation, permis et entretien) 910 $ (23 %), et la nourriture 850 $ par mois (22 %). Son niveau d’endettement se situe actuellement à 47 % par rapport à ses revenus, soit sept points au-dessus de ce qui est normalement considéré comme la limite.  

Bien sûr, dans un budget, il est toujours possible d’économiser ici et là sur certaines dépenses. Mélanie pourrait par exemple modifier ses habitudes de transport et opter pour le covoiturage. Changer ses choix alimentaires, cuisiner davantage, profiter des spéciaux et limiter ses achats impulsifs sur internet sont d’autres pistes de solution. 

Mais bien souvent, ces petites économies ne sont malheureusement pas suffisantes pour rééquilibrer le budget. De plus, les trois postes budgétaires – logement, transport et nourriture – ont une chose en commun : ils ne peuvent être réduits rapidement, ce qui rend la situation financière de la jeune femme encore plus délicate.

Si Mélanie maintient le statu quo, puisque son budget est déficitaire, elle devra continuer à piger dans le crédit inutilisé de ses cartes de crédit et dans sa marge, ce qui l’entraînera dans une spirale de l’endettement. Ce dernier ne fera qu’augmenter, ainsi que les frais d’intérêt, et elle ne parviendra pas à rétablir sa situation.

Réduire ses dettes

Dans ces conditions, quels sont les changements qui engendreraient des résultats efficaces et rapides ? Réduire ses dettes, qui accaparent une part appréciable de ses revenus. 

Pour y parvenir, elle devra envisager des solutions plus musclées. Trois options s’offrent à elle. La première est la consolidation de dettes, qui consiste à demander un prêt à son institution financière afin de rembourser ses créanciers d’un seul coup. 

« Toutefois, la consolidation de dettes, si elle avait été possible, n’aurait réduit ses paiements mensuels que de 109 $, ce qui est encore insuffisant pour lui permettre de boucler les fins de mois. De toute façon, cette option n’est pas envisageable en raison de son niveau d’endettement trop élevé », précise Pierre Fortin.

Meilleure option : la proposition 

Elle pourrait néanmoins considérer la proposition de consommateur, qui est une offre de règlement négociée avec ses créanciers, ou encore la faillite. Dans les circonstances, compte tenu de sa situation financière et de son âge, le syndic autorisé en insolvabilité lui a conseillé d’opter pour la proposition de consommateur.

Celle-ci lui permettra de réduire ses dettes de 22 000 $ à 15 000 $, montant que les créanciers ont accepté pour éviter qu’elle ne fasse faillite et leur rembourse un montant bien moindre. Qui plus est, les taux d’intérêt cessent de courir, ce qui constitue un net avantage et évite que l’endettement continue à croître. Le paiement mensuel représentera 250 $ au lieu de 872 $ (sur 60 mois), soit 6 % de son revenu net. Elle élimine ainsi son déficit budgétaire et pourra faire face à l’inflation.

Son crédit sera entaché, mais pour Mélanie, la proposition est la seule façon, hormis la faillite, de s’en sortir. En raison de son niveau d’endettement, sa capacité d’emprunt était déjà limitée, et poursuivre dans le chemin actuel n’aurait fait qu’aggraver son cas et, à terme, cela aurait affecté encore davantage son dossier de crédit. 

CONSEILS 

  • Attention : réservez la consolidation de dettes à celles dont le taux d’intérêt est plus élevé que celui du prêt (environ 12 %). Si vous incluez des dettes avec des taux moindres, vous augmenterez vos frais d’intérêt au lieu de les réduire.
  • Si vous vous trouvez dans une situation financière délicate, n’attendez pas avant de demander conseil. Si vous laissez la situation se détériorer, vous aurez accès à moins d’options.
  • Connaître son niveau d’endettement (ratioendettement.com pour le mesurer) permet de savoir si on est suffisamment en bonne santé financière pour faire face à des imprévus qui pourraient nécessiter l’accès à du crédit. En le vérifiant chaque année, vous pourrez vous assurer que vous n’êtes pas en train de tomber dans une spirale de l’endettement.
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