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«Arlette»: une percutante fable satirique

«Arlette»: une percutante fable satirique
Bande-annonce / Arlette


Ce nouveau long métrage de Mariloup Wolfe confirme de manière éclatante le talent d’actrice de Maripier Morin. 

Le pari de Mariloup Wolfe était risqué. Confier le rôle principal d’Arlette à une animatrice qui n’avait qu’une seule apparition à l’écran à son actif (La chute de l’empire américain de Denys Arcand), et qui se trouvait, à ce moment-là, dans une tourmente d’accusations graves et d’admission de dépendance à l’alcool et aux drogues, demandait une foi certaine. Une foi en ce scénario remarquablement bien écrit de Marie Vien, mais surtout, une foi en la capacité de Maripier Morin à travailler, d’abord sur le rôle et ensuite sur elle-même.

Avec Maripier Morin en Arlette, cette directrice de magazine de mode nommée ministre de la Culture par un premier ministre (Gilbert Sicotte) calculateur, désireux de rajeunir l’image de son parti, le film, fable au départ, devient une parabole. Une parabole sur la vie de celle qui est devenue maman entre-temps, sur ses premiers pas dans le monde du showbiz. Les insultes et autres quolibets, le mépris, la misogynie, et cette jalousie de voir réussir, par la seule force de sa volonté et de son travail, une belle – et jeune – femme.

Les parallèles entre Arlette et Maripier sont légion, énormes, comme cette salve d’horreurs proférée par des chroniqueurs de radio lors de l’entrée en fonction de la jeune ministre ou ce regard immonde jeté par le ministre des Finances (David La Haye, redoutable de véracité) qui ravale sa consœur au rang d’un morceau de viande dont on peut disposer à sa guise.

Arlette, qui sort en pleine période électorale, est également truffée de sous-entendus, de différents niveaux de lecture qui font de cette comédie une satire particulièrement percutante. Le parallèle établi entre la politique et la cour d’un monarque, dont Micheline Lanctôt illustre toute la supériorité muette alors qu’Arlette fait siens les habits de Louis XIV, est délicieux. Les détournements de phrases de Malraux, de Simone de Beauvoir et de tant d’autres ajoutent une couche supplémentaire de plaisir intellectuel, tout comme les phrases-chocs prononcées par un Benoît Brière parfait en attaché politique cynique ou un Paul Ahmarani en attaché de presse qui craque sous la pression. L’on pardonnera donc quelques errements dont une scène presque «WTF» avec Lara Fabian ou la sous-utilisation d’un Antoine Bertrand fort attachant en chef de l’opposition.

Mariloup Wolfe sait choisir les scénarios qu’elle met en images et s’entoure ici d’une équipe d’acteurs chevronnés pour ne pas dire de «monuments» pour reprendre le mot que Maripier Morin a utilisé pour me parler de ses collègues de tournage. La cinéaste a également réservé les services d’Yves Bélanger, directeur de la photographie qui parvient à faire de certains plans de véritables tableaux, donnant à ce Arlette une dimension artistique visuelle peu commune pour une comédie.

Ne vous y trompez pas, Arlette n’est pas une comédie légère estivale au cours de laquelle vous rirez à gorge déployée en entendant des plaisanteries grasses. Arlette est savoureux, fin, gracieux, terrible aussi, révoltant surtout, et donne lieu après à des conversations et à des analyses sans fin entre amis. Et ça, c’est toute la beauté du cinéma.

  • Note: 4 sur 5
  • Arlette arrive dans les salles obscures et climatisées dès le 5 août.






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