Un labo mobile devant Osheaga
Pour prévenir les surdoses ou les mauvaises surprises, une équipe analyse la drogue des festivaliers
À l’intérieur de Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.
Bien sûr, la drogue n’est pas permise sur le site d’Osheaga. Néanmoins, comme dans tout grand festival de musique, elle est omniprésente. Au lieu de s’enfouir la tête dans le sable, un nouveau labo mobile offre de tester les drogues pour éviter de tristes surprises.
Pourvu d’un spectromètre capable d’identifier les substances indésirables, il offre aux festivaliers de vérifier la « teneur » de leur drogue.
L’objectif : réduire les surdoses sur le site du festival Osheaga cette année.
Je suis allé visiter le véhicule du Groupe de recherche et d’intervention psychosociale (GRIP Montréal), un Ford Transit, pour l’instant le seul laboratoire mobile d’analyse de drogue au Canada, me dit-on.
Une exemption
Celui-ci est offert pour la première fois cette année parce que Santé Canada a accordé une exemption légale à l’organisme.
« Avant ça, juste le fait de tenir et de manipuler la drogue, puis de la redonner aux gens, ça aurait pu être considéré comme criminel », explique Roxanne Hallal, qui coordonne les activités du camion-laboratoire.
Il suffit de quelques minutes pour soumettre la drogue à un « test d’identité ».
« Le résultat donne une sorte d’empreinte digitale de la substance et avec une recherche, on peut voir si ça coïncide avec les formes pures des substances ou s’il y a des contaminants. »
Le spectromètre n’altère pas les échantillons.
« L’équivalent du contenu d’une graine de tournesol suffit à la machine, puis on remet cette quantité à l’utilisateur, qui ne perd donc rien », m’explique Mme Hallal.
Dans un festival comme Osheaga, les drogues de prédilection sont celles qui stimulent, comme la cocaïne et l’ecstasy.
La plupart des surdoses surviennent quand le consommateur n’achète pas ce qu’il croit. « Des fois, il pense que c’est du MDMA (ecstasy), mais c’est du MDA, une cousine beaucoup plus forte... et là, il est pris de court. »
Comme le dit la chanson d’Alaclair Ensemble, « Tu pensais qu’c’tait ça que c’tait, mais c’tait pas ça que c’tait... »
Beaucoup de festivaliers, de crainte de se faire saisir leur drogue, la consomment toute d’un coup juste avant d’entrer sur le site... et c’est une fois sur place, pendant les spectacles, que ça peut se mettre à mal aller.
Comme par les années passées, le GRIP a une vingtaine d’intervenants à l’intérieur du site pour s’occuper des cas qui dégénèrent. Trois ou quatre intervenants s’occupent du service d’analyse non loin de la porte.
À l’abri de la sécurité
« Afin que nos utilisateurs ne soient pas aperçus par la sécurité du site qui va ensuite fouiller les sacs, nous serons entre la station de métro Jean-Drapeau et une des entrées du festival », m’explique Magali Boudon, la directrice de GRIP Montréal.
Car non loin de là, des fouilleurs veillent à attraper toutes les substances illégales qu’ils peuvent à l’entrée du festival.
Donc, tandis qu’un organisme indépendant vérifie la qualité de la drogue, des employés d’Osheaga, eux, s’évertuent à la prohiber...