La pandémie fait bondir le décrochage scolaire de 30%

La hausse du décrochage scolaire depuis le début de la pandémie se confirme. Le nombre de jeunes qui ont abandonné leurs études a augmenté de près de 30 % depuis deux ans, même si la situation s’est légèrement améliorée au cours de la dernière année scolaire.

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Ces chiffres proviennent d’une demande d’accès à l’information effectuée auprès des 72 centres de services scolaires de la province. 

De ce nombre, 44 nous ont transmis des données sur le nombre de jeunes qui ont abandonné leurs études secondaires au cours des trois dernières années.

Malgré la tendance générale, les données varient considérablement d’un centre de services à l’autre.

Il ne s’agit toutefois pas du taux de décrochage officiel calculé par le ministère de l’Éducation, qui n’est pas encore disponible pour les deux dernières années.

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«Indicateur important»

Ces données demeurent toutefois « pertinentes » puisqu’elles représentent un «indicateur important» de ce qui se produit dans le réseau scolaire depuis le début de la pandémie, affirme Égide Royer, psychologue et expert en matière de décrochage scolaire.

«L’écart entre les élèves forts et les élèves faibles a augmenté depuis le début de la pandémie», ce qui pourrait avoir poussé des jeunes plus fragiles à décrocher, affirme-t-il.

Ce portrait chiffré n’étonne pas non plus Mélanie Marsolais, directrice générale du Regroupement des organismes communautaires québécois de lutte au décrochage. 

«Il y a des listes d’attente, les organismes ne sont pas capables de fournir à la demande», dit-elle.

«La pandémie est venue exacerber les difficultés des jeunes, comme la défavorisation et les problèmes de santé mentale.»

Les organismes constatent que la détresse est encore très grande chez les jeunes, même parmi ceux qui ne décrochent pas, ajoute-t-elle. 

Les besoins sont si grands que plusieurs organismes ont continué à offrir des services cet été, pour ne pas laisser tomber des jeunes dans des situations critiques.

Avec la pénurie de main-d’œuvre, il sera par ailleurs «extrêmement difficile» de raccrocher ces jeunes qui ont tourné le dos à l’école, ajoute Mme Marsolais. 

«Il y a de plus en plus de bonnes raisons d’aller travailler, le marché de l’emploi est ultra-attrayant», souligne-t-elle.

Pire pour les filles

Mélanie Marsolais est préoccupée en particulier par le décrochage chez les filles, qui ont moins tendance par la suite à se tourner vers la formation professionnelle, plus attrayante auprès des garçons.

Les contrecoups de la pandémie se feront encore sentir pendant plusieurs années, ajoute-t-elle : «Oui, on voit que les chiffres commencent à redescendre, mais les jeunes qui viennent de rentrer au secondaire ont aussi subi énormément de défis. Il faudra suivre la situation sur une période de dix ans.»

DE GRANDES VARIATIONS

Rivière-du-Nord (Laurentides)

• 2019-2020 : 42
• 2020-2021 : 97
• 2021-2022 : 121

Affluents (Lanaudière)

• 2019-2020 : 99
• 2020-2021 : 125
• 2021-2022 : 181

Énergie (Mauricie)

• 2019-2020 : 139 
• 2020-2021 : 146
• 2021-2022 : 185

Montréal

• 2019-2020 : 420
• 2020-2021 : 806
• 2021-2022 : 628

Marie-Victorin (Montérégie)

• 2019-2020 : 224 
• 2020-2021 : 235 
• 2021-2022 : 232

Capitale (Québec)

• 2019-2020 : 130
• 2020-2021 : 123
• 2021-2022 : 115

Nombre d’abandons en cours d’année*

• 2019-2020 : 3325
• 2020-2021 : 4402 (+32 %)
• 2021-2022 : 4280 (-3 %)
• Hausse sur deux ans : 29 %

*Ces chiffres proviennent de 44 centres de services scolaires et concernent les jeunes qui ont quitté l’école pour les motifs suivants : abandon, accès au marché du travail, raison inconnue ou raison personnelle. Les déménagements et expulsions sont notamment exclus de ces données. Il ne s’agit toutefois pas du taux de décrochage officiel établi par le ministère de l’Éducation, dont les dernières données disponibles remontent à 2019-2020.