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Rémunération moyenne des 1454 salariés de la Caisse de dépôt: des bonis moyens de 129 000$

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Photo Martin Alarie Des émoluments désormais élevés permettent maintenant à la Caisse de dépôt de recruter assez facilement dans le secteur privé.

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La Caisse de dépôt et placement du Québec a discrètement bonifié son programme de primes de rendement pour le rendre plus généreux, l’an dernier, ce qui a contribué à faire croître ses dépenses, a constaté Le Journal.

Dans son rapport annuel 2021, le bas de laine des Québécois indique avoir embauché deux firmes pour procéder à l’«étalonnage» de sa rémunération avec celle des autres employeurs dans le secteur financier.

«Les résultats de cet exercice ont permis de réaligner la rémunération ou les échelles salariales et les potentiels de rémunération variable qui devaient l’être selon les études sur le positionnement des niveaux de rémunération visé pour favoriser un meilleur alignement au marché», précise la Caisse.

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Un bond de 13 % en 2021

Les bonifications apportées ont contribué à faire bondir de 13 % par personne les bonis octroyés par la Caisse en 2021. La prime moyenne a atteint plus de 129 000 $ pour un versement total de 187,9 M$ aux quelque 1454 salariés de l’institution.

Quant à la rémunération totale moyenne, elle atteint désormais plus de 350 000 $ par salarié, en hausse de 16 % par rapport aux 303 000 $ d’il y a cinq ans.

«La Caisse nous pique du monde»

Avec de tels émoluments, la Caisse a plus de facilité à débaucher des professionnels dans le secteur privé.

«La Caisse nous pique du monde. Avant, ils ne nous piquaient personne. [...] La donne a beaucoup changé», a confié au Journal une source bien informée au sein d’une grande banque canadienne.

La société d’État a toutefois refusé de dévoiler au Journal l’ampleur de la hausse des cibles qui servent à établir les bonis. Ces cibles sont généralement établies sous la forme d’un pourcentage du salaire de base.

«La Caisse exerce ses activités dans un contexte de très forte concurrence dont les principaux intervenants sont notamment d’autres fonds de pension canadiens et étrangers, des fonds d’investissement, des sociétés de courtage et des institutions financières. Nos compétiteurs ne divulguent pas les cibles des primes de rendement octroyées à leurs employés», a écrit le responsable de l’accès à l’information, Claude Mikhail, dans une réponse à une demande du Journal.

«Si la Caisse devait rendre publiques des données plus détaillées [...], elle s’exposerait à une sollicitation de ses meilleurs talents et en subirait vraisemblablement un préjudice sérieux, au détriment de ses déposants en particulier et de la collectivité québécoise en général», a ajouté M. Mikhail.

Méthodes «plus agressives»

«C’était vrai même avant la pandémie : des emplois, c’est beaucoup plus facile pour nos finissants à trouver que ce l’était avant. Et les méthodes de recrutement des grandes institutions comme la Caisse de dépôt et les grandes banques sont beaucoup plus agressives», a relaté Jean-Philippe Tarte, maître d’enseignement en finance à HEC Montréal.

La Caisse n’est pas la seule à avoir bonifié ses primes. Investissement Québec l’a également fait l’an dernier, faisant notamment passer certains bonis cibles de 7 à 9 % du salaire de base. Dans le cas des vice-présidents exécutifs, les primes peuvent atteindre jusqu’à 52,5 % du salaire.

En 2021-2022, la rémunération moyenne par employé d’IQ a atteint près de 138 000 $, en hausse de 9,9 % sur un an. 


Les bonis à la Caisse en 2021 

  • Prime moyenne : 129 230 $
  • Rémunération moyenne : 350 757 $
  • Somme totale versée en primes : 188 M$
  • Rémunération totale versée : 510 M$ 

Les dépenses ont bondi de près de 35 % 

Les charges d’exploitation de la Caisse de dépôt et placement ont explosé de près de 35 % au cours des six premiers mois de 2022 par rapport à la même période de 2021, accentuant une tendance qui s’observe depuis quelques années.

Ces dépenses, qui comprennent notamment la rémunération des employés, les services informatiques et professionnels ainsi que les loyers, ont atteint 433 millions $ au premier semestre de 2022, indiquent les plus récents états financiers de l’institution.

Par rapport au deuxième semestre de 2021, la hausse atteint 9,3 %.

Robert Pouliot, chargé de cours à l’UQAM et spécialiste en finance, déplore ce «gonflement des dépenses» qui a pour effet de réduire le rendement de la Caisse.

«Chaque point de base compte dans le rendement d’un portefeuille», rappelle-t-il.

La Caisse assure toutefois que le poids relatif de l’ensemble de ses dépenses, en incluant les frais de gestion externes et les coûts de transaction, diminuera en 2022 par rapport à l’an dernier. En 2021, les dépenses totales de la Caisse ont dépassé les deux milliards $, dont près de la moitié l’ont été en frais versés à des gestionnaires externes.

«La CDPQ contrôle ses coûts de manière serrée. Nous les gérons le plus efficacement possible en vue de générer des rendements optimaux pour nos déposants», a commenté une porte-parole de l’institution, Kate Monfette.

Rendements à la traîne

La Caisse prévoit qu’en 2022, ses coûts représenteront 0,52 % de son actif net moyen, en baisse par rapport au ratio de 0,57 % enregistré en 2021.

À titre de comparaison, les dépenses du Régime de retraite des enseignants de l’Ontario (Teachers’) ont représenté 0,91 % de son actif net moyen en 2021. 

À l’Office d’investissement du régime de pensions du Canada (OIRPC), les frais se sont chiffrés à un peu plus de 1 % de son actif net moyen au cours de son exercice qui a pris fin le 30 mars.

Notons que les conseillers financiers exigent généralement des frais de l’ordre de 2 % des actifs gérés pour un particulier.

Ce sont toutefois les rendements, qui sont calculés après tous les frais, qui ont le plus d’importance. Sur cinq ans, la Caisse affiche un rendement annualisé de 6,1 %, contre 7,9 % pour Teachers’, et 8,7 % pour l’OIRPC.

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