Le roi montréalais du Xanax aurait caché 54 M$ pour s’enfuir
Les autorités américaines veulent que le Québécois reste détenu jusqu’à son extradition
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Les autorités américaines veulent plus que jamais rapatrier un Montréalais accusé d’être un mégatrafiquant de Xanax sur le web obscur, en rappelant qu’il dispose de 54 M$ cachés pour financer une cavale advenant sa remise en liberté.
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«En somme, il fait face à des décennies d’emprisonnement et il a des dizaines de millions de dollars pour fuir la justice. II s’est préparé à cette éventualité pendant des années», indiquent les procureurs américains dans un nouveau rapport de cinq pages où ils préviennent du danger de fuite d’Alexandre Beaudry.
L’homme de 31 ans, un résident de L’Île-des-Sœurs, aurait réussi de Montréal à bâtir sur le web obscur un véritable empire de vente de médicaments de contrebande.
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Entre 2016 et 2017, sous des alias tels qu’«AlpraKing» ou «BenzoChems», il aurait écoulé aux États-Unis plus de 15 millions de comprimés de Xanax, un anxiolytique.
Et comme les gens le payaient en bitcoin, sa fortune est difficilement retraçable, préviennent les Américains dans la demande d’extradition déposée au palais de justice de Montréal.
«Pendant son règne [...] les États-Unis ont vécu une épidémie de dépendances, peut-on lire dans le document judiciaire. Le volume de ses ventes à travers le pays reflète le danger qu’il représente pour le pays.»
Craintif d’être arrêté
Pendant cette période, Beaudry était d’ailleurs très soucieux de ne pas poser les pieds aux États-Unis, où il fait maintenant face à la justice, justement par peur d’y être arrêté.
«Si je suis condamné au Canada, je pourrais écoper de 3 ans. Si je suis extradé, ce serait 5 ans et si je suis condamné aux États-Unis sous le régime du “Kingpin Act”, je risque la perpétuité», aurait-il déjà dit.
Et quand un de ses subalternes l’aurait invité à «aller prendre une bière» aux États-Unis, Beaudry aurait répondu qu’il ne pouvait pas, car il avait «la DEA [Drug Enforcement Administration] au cul».
Il a ainsi réussi à échapper aux autorités américaines pendant des années, mais il a finalement été arrêté à Montréal au début de l’été. Beaudry a été trahi par son pendentif trouvé chez lui à la suite d’une violation de domicile par des individus qui auraient cherché à lui soutirer les mots de passe de ses portefeuilles de cryptomonnaie.
Trahi par son pendentif
Le fameux pendentif était identique à celui qu’il exhibait pour faire la promotion de son Xanax contrefait. En y ajoutant toute la preuve amassée pendant des années, les autorités américaines sont convaincues que Beaudry est bien le fameux AlpraKing.
Et maintenant qu’il est derrière les barreaux, les procureurs américains veulent absolument qu’il le reste, afin d’éviter qu’il prenne la fuite ou qu’il détruise de la preuve.
Dans la demande d’extradition, les autorités américaines n’ont d’ailleurs pas manqué de noter un reportage du Journal indiquant qu’il avait acheté son condo de 1,7 M$ sans hypothèque. Selon eux, il s’agit d’un exemple concret démontrant que l’accusé dispose de ressources importantes pour fuir la justice.
Preuve détruite
Il y a aussi une possibilité que Beaudry fasse disparaître de la preuve qui pourrait être utilisée contre lui. Lors d’une perquisition à son domicile, un ordinateur semble d’ailleurs avoir été détruit à distance, disent les autorités américaines à titre d’exemple.
«Ses outils sont l’internet et le matériel informatique, si bien que n’importe quel appareil pourrait être utilisé pour détruire de la preuve ou pour accéder à ses cryptomonnaies s’il est libéré sous caution, même s’il se fait imposer une assignation à domicile», affirment les autorités américaines.
Détenu depuis deux mois, Beaudry reviendra à la cour vendredi pour la suite des procédures.
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CE QUE DISENT LES AMÉRICAINS
«Les États-Unis croient qu’Alexandre Beaudry représente un risque de fuite sérieux et que sa libération durant le processus d’extradition poserait un danger significatif pour la communauté.»
«Il a déjà écopé de prison à domicile au Canada pour avoir produit et distribué des stéroïdes. Ça ne l’a pas empêché de continuer à envoyer de larges quantités de drogues aux États-Unis, tout en blanchissant des millions de dollars.»
«S’il est reconnu coupable de toutes les accusations au terme de son procès, il doit s’attendre à une sentence qui ne dépasserait pas 40 années d’emprisonnement.»