Calculons nos besoins en immigration avant d’en déterminer les seuils
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L’immigration revient en force en campagne électorale: menace pour le français pour les uns, solution miracle pour la pénurie de main-d’œuvre pour les autres. Chacun y va de son seuil d’immigration idéal, mais aucun ne nous explique le calcul l’ayant mené au volume proposé.
50 000 immigrants pour la CAQ
C’est ce qui constitue, aux yeux du premier ministre Legault, l’équilibre entre notre capacité d’intégration et de francisation et nos besoins en matière de main-d’œuvre. Il ajoute que, pour assurer la survie du français, nous ne pouvons aller au-delà de ces chiffres. Or, comment en est-il arrivé à 50 000? Comment calcule-t-on nos capacités d’intégration? Comment peut-on prétendre sélectionner 80% d'immigrants maîtrisant le français et dire du même souffle qu’ils menacent notre langue? Mystère et boule de gomme.
35 000 immigrants pour le PQ
Le Parti Québécois reprend l’argument de la menace pesant sur la langue française et annonce du même souffle qu’on n’accueillerait que 35 000 immigrants par année, et ce, en s'assurant qu’ils parleront tous français avant leur arrivée. Évidemment, et malgré l’opinion de plusieurs experts, le PQ estime que l’immigration ne fait pas partie de la solution dans la lutte contre la pénurie de main-d’œuvre. J’imagine que le parti souverainiste ne souhaite certainement pas maintenir le poids politique du Québec à la Chambre des communes, après tout... cela ferait fonctionner cette fédération qu’ils haïssent tant!
70 000 pour le PLQ et entre 60 000 et 80 000 pour QS
Encore des chiffres sortis de nulle part. Les libéraux et les solidaires rejoignent décidément l’opinion du Conseil du patronat et des chambres de commerce qui appellent à augmenter les seuils d’immigration, mais ils ne disent pas comment ils vont augmenter les capacités de l’État à intégrer et à franciser.
Ces chiffres lancés à la va-vite de part et d’autre manquent de sérieux. L’immigration est un enjeu démographique et économique beaucoup trop important pour qu’ils puissent être utilisés tantôt comme un épouvantail, tantôt comme une solution miracle. Il ne faut certainement pas que cela devienne un enjeu partisan dans lequel on sortirait tous perdants. Nous ne connaissons pas le chiffre magique. Peut-on, plutôt, s’attarder sur la manière de le trouver (calcul de la capacité d’intégration, indice de francisation, besoins en main-d’œuvre, poids politique du Québec, etc.)?