Taux d’intérêt: les loyers vont également grimper
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Les propriétaires pourraient refiler la facture de la hausse des taux d’intérêt aux locataires, déjà durement éprouvés par la crise du logement au Québec.
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« C’est sûr que les propriétaires vont transférer l’augmentation des coûts de leur hypothèque en augmentant les loyers », souligne Pierre-Antoine Harvey, économiste et chercheur associé à l’IRIS.
Même son de cloche du côté de la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec.
Son PDG, Marc-André Plante, reconnaît que la variation des hausses de taux d’intérêt «ne fait pas partie des calculs reconnus par le Tribunal administratif du logement», mais il pense que la hausse du coût du financement hypothécaire ajoutera de la pression dans un marché déjà déséquilibré.
Selon lui, 60 % des propriétaires locatifs, parmi ceux qui détiennent une hypothèque, opteraient pour des taux variables et verraient donc un effet direct sur leurs frais de financement. La hausse des taux d’intérêt, associée à l’inflation, accentuerait donc la pression sur les loyers dans un contexte où il y a plus de demande que d’offre.
Pourtant, les locataires sont déjà à la peine : les difficultés à se loger de manière abordable font les manchettes cette année, et le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) estime que les loyers ont déjà augmenté de 9 % entre 2021 et 2022.
Un énième « prétexte »
Cédric Dussault, porte-parole de l’organisme, dénonce l’utilisation de la hausse des taux d’intérêt comme un énième «prétexte» pour augmenter les loyers.
Selon lui, même si les taux d’intérêt augmentent, la valeur du bien immobilier n’est pas à perte. Détenir un appartement ou un immeuble à revenus resterait un investissement très rentable pour lequel un investisseur devrait être prêt à «absorber le risque».
Le porte-parole ajoute que les propriétaires cherchent en fait «à protéger leur marge de profit», au détriment des locataires.
Pierre-Antoine Harvey rappelle que le loyer est un enjeu important, notamment pour les moins nantis : «Pour un ménage pauvre, le logement c’est 30 à 50 % des dépenses, alors que plus on est riche, moins cette part-là est importante.»