Risque de cancer chez les jeunes qui apprennent un métier
Une équipe de recherche s’inquiète des risques de cancer chez les jeunes qui entrent en contact très tôt avec des métaux lourds, de la poussière de bois ou autres cancérigènes dans le cadre de leur apprentissage d’un métier.
« On fait plus que soupçonner. Ça fait 15 ans que je vais dans les milieux de travail et que je le vois [qu’il y a des risques] », avoue Marie Laberge, professeure agrégée à l’École de réadaptation de l’Université de Montréal.
Chaque année, environ 1500 élèves prennent la voie d’un certificat de formation à un métier semi-spécialisé, selon les chiffres du ministère de l’Éducation.
Vulnérables
Souvent, il s’agit adolescents qui ont des difficultés d’apprentissage et ont pris beaucoup de retard dans leur parcours au secondaire, au point d’être difficilement « diplômables », explique Mme Laberge. On offre donc à ces jeunes de 15 ou 16 ans l’option d’apprendre tout de suite un métier dans le cadre de la formation générale aux adultes et d’éviter d’être exclus du marché du travail.
Le hic, c’est que les milieux de stage et de travail qui les accueillent ne sont pas toujours outillés sur le plan de la santé et de la sécurité pour recevoir des travailleurs aussi jeunes.
Bon nombre seront alors exposés à des solvants, à des pesticides, à de la poussière ou à des métaux lourds. Or, le risque de développer un cancer est plus élevé quand l’exposition aux produits toxiques se produit tôt dans la carrière, explique Mme Laberge.
Un risque semblable pourrait aussi s’appliquer aux étudiants inscrits en formation professionnelle, même s’ils ne sont pas aussi jeunes que ceux du secondaire.
Mme Laberge et son équipe ont donc lancé un projet visant à mesurer ces risques. Huit classes de formation à un métier semi-spécialisé réparties dans cinq écoles y participent. La cueillette sur le terrain a commencé ce printemps.
Peu abordé
« Je peux déjà vous dire que le sujet [du risque sur la santé] est peu abordé. Les enseignants ne sont pas à l’aise, pas outillés pour en parler. Par contre, ils sont très motivés à l’aborder. »
La deuxième phase du projet visera ensuite à élaborer un programme de prévention, à trouver la bonne manière de sensibiliser ces jeunes et leurs milieux.
« Qu’est-ce qui va leur parler ? Un témoignage-choc, peut-être ? Ou au contraire, est-ce que des jeunes qui ont un trouble du spectre de l’autisme pourraient réagir en disant : “j’ai trop peur, je n’irai pas travailler” ? »