Le nouveau roi devra gagner l’amour de ses sujets
Le souverain ne fait pas l’unanimité chez les Britanniques
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LONDRES | Le nouveau roi Charles III aura de grandes chaussures à remplir selon des Britanniques endeuillés, qui sont malgré tout prêts à donner une chance au fils d’Elizabeth II.
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« Ce ne sera plus jamais pareil, jamais il ne pourra être à sa hauteur. [La reine] était juste trop extraordinaire », lance Claire Bartlett, en essuyant ses larmes devant le palais de Buckingham à Londres, vendredi. La femme de 38 ans a l’impression d’avoir perdu sa « nan » (grand-mère) avec le décès de la souveraine de 96 ans.
Un sentiment fréquemment partagé autour de la résidence royale.
« Je ne l’avais jamais rencontrée, mais j’ai l’impression de perdre un membre de ma famille », souffle Lucy Marsham, qui a, elle aussi, déposé des fleurs pour la défunte reine avec son fils de deux ans, Joe.
Le palais de Buckingham est d’ailleurs devenu vendredi un véritable lieu de pèlerinage pour les Britanniques en deuil, mais aussi pour des milliers de touristes voulant faire partie d’une nouvelle page d’histoire.
Ils patientaient plus d’une heure en file pour laisser un bouquet de fleurs devant les fastueuses grilles du palais.
Des sceptiques
D’abord grise et morose, la journée s’est illuminée juste à temps pour l’arrivée du nouveau roi, qui a pris un bain de foule en compagnie de la reine consort, Camilla. Et malgré la dose d’amour qu’il a reçue, des sceptiques demeurent.
Charles, 73 ans, doit être officiellement proclamé roi samedi, après la mort jeudi de sa mère, Elizabeth II, qui a ouvert une période de deuil national et une nouvelle époque pour la monarchie britannique.
« On attend encore la décision du jury [sur sa popularité comme roi] », illustre Sarah Mitchell, une Américaine de 48 ans qui vit à Londres depuis 20 ans.
« Je m’attends à ce que des pays du Commonwealth souhaitent quitter la monarchie [avec l’arrivée de Charles III] », renchérit Richard Hobbs. Pour le Britannique de 63 ans, la reine incarnait l’Angleterre qu’il connaît et chérit.
Sa présence résonnait d’ailleurs partout à Londres encore vendredi. Des affiches en sa mémoire tapissent les édifices ou les iconiques cabines de téléphone, par exemple. Un total de 96 coups de canon ont aussi résonné dans la capitale, en l’honneur de ses 96 années de vie.
Une reine cool
Le vétéran Archie Ferguson, âgé de 84 ans, ne peut s’empêcher de fondre en larmes en vantant les mérites d’Elizabeth II, qu’il avait rencontrée à trois reprises à diverses occasions dans sa carrière militaire.
« Elle était cool, calme et belle, mais avec des nerfs d’acier », dit-il, souhaitant bonne chance au nouveau roi, qui a quand même eu 73 ans pour se préparer à son nouveau rôle.
La popularité du fils aîné d’Elizabeth II a été rudement écorchée par son divorce houleux avec l’adorée princesse Diana et ses infidélités avec celle qui est désormais son épouse.
Des frasques qu’il n’a jamais pu complètement faire oublier.
Bonnes affaires
Les babioles souvenirs à l’effigie de la reine Elizabeth II s’envolent comme des petits pains chauds dans les boutiques de Londres, qui attendent déjà celles du nouveau roi dans une semaine.
« Les gens sont fous ! Tout est vendu », rigole Suryan Satyan, qui gère la boutique London Souvenirs, près du palais de Buckingham. Le jour même du décès de la reine, il ne lui restait plus rien et vendredi, il s’affairait au téléphone pour assurer l’arrivée des commandes des tasses et boîtes de thé du roi Charles III.
« Lundi prochain ! », dit-il.
Même son de cloche chez Cool Britannia juste à côté, où les étalages des souvenirs du récent jubilé de la reine Elizabeth II, pour ses 70 ans de règne, se vident rapidement.
« Les gens veulent garder quelque chose en sa mémoire », remarque le commis de Majestic Gifts, en train de renflouer un étalage de figurines « dancing queen », un jouet à l’effigie de la reine qui balance la tête.
Moment historique pour des Québécois
Les Québécois Jean-Yves Turcotte et Chantal Laflamme vont se rappeler « toute leur vie » leur voyage à Londres.
Après avoir remis ce voyage pendant deux ans à cause de la pandémie, ils sont arrivés en Angleterre juste avant le décès de la reine.
« On s’adapte aux changements qu’il va y avoir dans les horaires. Ça reste impressionnant », dit le quinquagénaire de Rivière-du-Loup.
Vendredi, ils ont fait leur tour devant le palais de Buckingham, où s’entassaient les Britanniques endeuillés. Même s’ils ne sont pas particulièrement friands de la monarchie, ils souhaitaient assister à ce moment historique.
Quant au nouveau roi Charles III, « ce sera sa chance de se prouver », lance M. Turcotte. Son épouse s’attend à ce que les gens soient beaucoup moins attachés à lui.