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Monarchie en Grande-Bretagne: la rébellion fomente déjà

L’organisation antimonarchique Republic veut profiter du changement de souverain pour relancer le débat

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Photo AFP Le roi Charles III lors de son discours de samedi au palais Saint-James à côté de son trône. II a promis de suivre l’exemple « inspirant » de sa mère.

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LONDRES | Le mouvement s’opposant à la monarchie en Grande-Bretagne compte profiter de l’arrivée de Charles III sur le trône pour raviver son combat contre l’institution.

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Une copie de la proclamation royale qui a été lue.
Photo AFP
Une copie de la proclamation royale qui a été lue.

«Il y aura plusieurs mois avant son couronnement, et ce sera l’occasion d’en débattre et de pousser nos idées de l’avant [...]. Charles est beaucoup plus facile à critiquer et à remettre en question», lance le porte-parole de l’organisation Republic, Graham Smith.

Déjà, il qualifie d’«affront à la démocratie» la proclamation de samedi et l’accession au trône automatique. 

De nombreux sujets britanniques se sont rassemblés devant le château Saint-James pour entendre la proclamation royale.
Photo AFP
De nombreux sujets britanniques se sont rassemblés devant le château Saint-James pour entendre la proclamation royale.

Même s’il est officiellement devenu roi dès le décès de la reine et proclamé comme tel samedi devant des dignitaires, le couronnement public aura lieu dans plusieurs mois.

La monarchie n’a aucun pouvoir législatif, mais le roi reste le chef d’État. Selon M. Smith, ce pouvoir héréditaire fait en sorte que la famille royale n’a aucun compte à rendre sur la façon dont elle utilise ses privilèges ou gère ses dépenses.

Un officier de la maison royale a lu devant la Royal Exange à Londres la proclamation confirmant que Charles III est maintenant roi.
Photo AFP
Un officier de la maison royale a lu devant la Royal Exange à Londres la proclamation confirmant que Charles III est maintenant roi.

Lourd bagage

«Charles s’amène avec un lourd bagage et les gens ne sont pas aussi attachés à lui», poursuit-il, ajoutant que la reine servait de bouclier aux frasques des membres de sa famille.

Même si Charles III jouit d’un regain de popularité ces dernières années, son divorce houleux avec Diana et ses infidélités entachent sa réputation. 

Avant le décès de sa mère, la police promettait aussi d’enquêter sur les dons qu’aurait reçus sa fondation de milliardaires d’Arabie saoudite en échange d’honneurs royaux.

Ce printemps, un sondage Ipsos relayé par divers médias soulignait que seulement la moitié des Britanniques jugeaient qu’il ferait un bon roi.

Mais plusieurs Britanniques qui s’étaient déplacés au palais de Saint-James, samedi, pour la proclamation, ont vanté au Journal les engagements passés du nouveau roi en faveur de l’environnement.

Des soldats de la garde Coldstream ont soulevé leur chapeau pour saluer le nouveau roi.
Photo AFP
Des soldats de la garde Coldstream ont soulevé leur chapeau pour saluer le nouveau roi.

«Une farce»

«C’est une farce», croit quant à lui M. Smith, autant par la proximité de Charles III avec les fortunes pétrolières de l’Arabie saoudite que pour son train de vie mené à bord de jets privés.

Malgré le deuil que vit actuellement toute la nation, «la vaste majorité des citoyens continuent de vaquer à leurs activités», poursuit aussi le porte-parole de Republic.

Bien que le grand magasin Selfridges ait fermé pour une journée vendredi et que les boutiques de luxe Fortnum & Mason aient noirci leurs vitrines à la suite du décès de la reine Elizabeth II, la capitale britannique bourdonne d’activités. 

Tous les commerces, restaurants et salles de spectacles restent ouverts, même si certains honorent sa mémoire d’une affiche, par exemple.

Charles III s’assoit aussi sur le trône après 73 ans d’attente dans des moments difficiles. 

Pour Republic, l’hiver difficile à venir avec l’inflation galopante au Royaume-Uni rendra le faste de la monarchie dur à avaler.

Le départ du prince Harry et de son épouse Meghan montre à quel point il s’agit d’une institution «inflexible», selon M. Smith. 

Et les déboires du prince Andrew, qui a versé des millions de dollars à une femme l’accusant de viol, viennent quant à eux rappeler le pire des excès de la royauté.

Du dédain pour celle qui a «kidnappé» leur prince

LONDRES | Les Britanniques présents au palais Saint-James, où Charles III a été proclamé roi, samedi, roulent les yeux et retroussent le nez avec dégoût lorsqu’ils entendent le nom de Meghan Markle.

«Je ne peux pas lui pardonner. J’aimerais que [le prince Harry] retrouve la famille royale, mais je ne lui fais pas confiance à elle», lance Merryl Corby, âgée de 76 ans.

«Beaucoup de Britanniques ont l’impression qu’elle a kidnappé le prince Harry et qu’elle lui a vendu cette vie californienne. Lui, nous voudrions le ravoir, mais pas elle», renchérit Xanthe Steen.

Le prince Harry et son épouse Meghan Markle ont claqué la porte de la famille royale l’an dernier pour s’installer aux États-Unis. 

Ils ont notamment reproché à la presse britannique de nombreuses attaques racistes et déploré un manque de soutien du reste de la famille royale.

Meghan Markle et le prince Harry devant le château de Windsor où ils ont salué la foule et regardé les hommages à la reine.
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Meghan Markle et le prince Harry devant le château de Windsor où ils ont salué la foule et regardé les hommages à la reine.

Une faiblesse

Mais des Britanniques comme Rhona DC y voient plutôt de la «faiblesse» de la part du prince Harry. 

Cette dernière veut que la presse continue ses attaques envers Meghan, qu’elle qualifie de «vedette télé» avec dédain.

Certains, comme Elizabeth Newcombe, espèrent que le retour du couple en Angleterre pour les prochains jours de deuil pourrait aider à retisser des liens familiaux.

«C’est juste trop triste», plaide la femme de 78 ans. 

Quatuor réuni

Déjà, Harry et Meghan ont retrouvé les nouveaux prince et princesse de Galles, William et Kate, samedi au château de Windsor. 

Ensemble, le quatuor a salué la foule et regardé les hommages à la reine laissés par les Britanniques.

Dans son premier discours public, le nouveau roi et père d’Harry a exprimé au couple son amour dans leur nouvelle vie de l’autre côté de l’Atlantique.

Depuis leur départ, Harry et Meghan ont pris position sur de nombreux enjeux politiques et de droits de la personne, ce que la monarchie leur interdit de faire.

On chante le nouveau roi

LONDRES | «God save the King», ont chanté en chœur pour la première fois des milliers de Britanniques entassés devant le palais Saint-James, samedi, à Londres.

Charles III venait alors d’être proclamé roi devant une poignée de dignitaires du Royaume-Uni et du Commonwealth.

Des spectateurs devant le bureau de la délégation du Québec à Londres, situé en face du palais, ont regardé la cérémonie sur leur téléphone, alors qu’elle était télévisée pour la première fois.

Le nouveau roi a promis d’endosser les « lourdes responsabilités » de la couronne et de suivre l’exemple de sa mère.

«J’ai amené ma fille de 12 ans avec moi, car c’est un moment extrêmement important et émouvant pour moi», explique la Britannique Xanthe Steen, qui adore le côté «magique et somptueux» de la royauté.

Le deuil national, décrété par le gouvernement, doit, lui, durer jusqu’au jour des funérailles de la reine Elizabeth II, le 19 septembre prochain.

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