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Mort de la reine: jeunes et immigrants de Londres ont d’autres soucis

Ils se préoccupent plus de la hausse du coût de la vie que de la mort de la reine

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Photo Hugo Duchaine Juste à l’ombre de la Cité financière de Londres et ses gratte-ciel en verre, des marchands s’activent dans le quartier défavorisé de Tower Hamlets.

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Des jeunes et des immigrants vivant à Londres regardent surtout la monarchie avec beaucoup d’indifférence, estimant que le pays a d’autres chats à fouetter.

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L’adolescent Jude Hewitt n’est pas touché par le décès de la reine, ce sont plutôt ses grands-parents qui sont endeuillés.
Photo Hugo Duchaine
L’adolescent Jude Hewitt n’est pas touché par le décès de la reine, ce sont plutôt ses grands-parents qui sont endeuillés.

«Je ne comprends ce qu’ils font ou à quoi ils servent [...] Mes grands-parents sont tristes, mais moi non», lance Jude Hewitt, âgé de 17 ans, qui s’amusait en planche à roulettes hier, près du quartier Tower Hamlets.

D’ailleurs, une balade dans ce quartier, l’un des plus défavorisés au centre de Londres, montre vite que beaucoup de Britanniques n’ont pas le temps de penser au décès de la reine Elizabeth II.

Ici, des immigrants s’affairent à dresser des étalages de vêtements à quelques livres sterling le long de Petticoat Lane et personne n’a cinq minutes pour parler de la monarchie. Et les passants préfèrent se taire plutôt que d’en parler en mal. 

«Pour certains c’est important, mais pour d’autres, la vie continue [...] Les gens ici ont beaucoup de respect pour la famille royale et il faut l’accepter», souligne Nuj Ahmed, âgé de 37 ans. Ce vendeur se soucie plus de l’inflation. 

«C’est frustrant, tout augmente, sauf les salaires», dit-il. 

La facture d’énergie bondirait de 80 %

Au Royaume-Uni, l’inflation est encore plus grande qu’au Canada. Les Britanniques ont été avertis que dès octobre leur facture d’énergie pourrait grimper de 80 % et le prix des aliments a aussi bondi.

Le système de santé public vit aussi des moments difficiles, comme au Québec. Listes d’attente énormes, manque de personnel et menaces de grèves chez les travailleurs qui veulent améliorer leurs conditions.

Le gouvernement a aussi été secoué par plusieurs scandales sous l’ex-premier ministre Boris Johnson, menant à des démissions massives. La nouvelle première ministre, Liz Truss, venait tout juste d’être nommée quand la reine est morte jeudi.

Attention aux excès

Vivant à Londres depuis plus de 20 ans et originaire de Chypre, Aise Aksay, croit que les Britanniques auront moins de patience pour les excès des riches, royaux ou non. 

Elle rappelle que pour plusieurs, la monarchie est perçue négativement en raison de son association passée au colonialisme et à l’esclavage.

Même s’il salue les 70 ans qu’elle a consacrés à son pays, Mohammed Salisu n’a pas le temps d’aller se recueillir pour la reine, il doit travailler pour gagner sa vie.
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Même s’il salue les 70 ans qu’elle a consacrés à son pays, Mohammed Salisu n’a pas le temps d’aller se recueillir pour la reine, il doit travailler pour gagner sa vie.

«Je ne blâme pas la reine personnellement pour ça», tempère Mohammed Salisu, âgé de 47 ans.

Il a quitté le Ghana il y a plus de 20 ans pour vivre à Londres. 

Il vend des bijoux et des bibelots au marché Spitafields et il ne peut pas prendre congé pour assister aux événements royaux.

«Un ami m’a demandé si je travaillais quand même, mais je n’ai pas le choix, car personne d’autre ne mettra de l’argent dans mes poches», souffle-t-il.

Le coût de la vie est rendu «astronomique» selon lui. «J’ai peur, crois-moi, très peur», souffle M. Salisu, ajoutant cependant que si la population cherche une tête de Turc pendant ces temps difficiles, ils s’en prendront au gouvernement et non à la famille royale.

«Ça me paraît si loin de moi», lance Tiger Smith, 22 ans, à propos de la monarchie. Il voit le nouveau roi et ses châteaux comme une attraction touristique. 

Le Royaume-Uni en arrache 

10,1 %

  • C’est l’inflation la plus élevée des pays du G7 en juillet dernier.

12,4 % 

  • L’inflation est encore pire sur le prix des aliments.

80 % 

  • Le bond auquel doivent s’attendre les Britanniques sur leur facture d’électricité cet automne.
  • Les médias britanniques parlent du dilemme « eat or heat » (manger ou se chauffer) qui les attend cet hiver.
  • Le plafond de tarification autorisé va passer de 1971 livres (2982,71 $ canadien) par an par foyer moyen à 3549 livres (5370,70 $).

29 000

  • Le nombre de patients qui ont attendu plus de 12 heures aux urgences en juillet.

356 000

  • Ceux qui ont attendu plus d’un an pour une chirurgie.
  • La pénurie de travailleurs en santé, accentuée par le Brexit, qui a entraîné le départ de plusieurs Européens du réseau de santé britannique, pèse très lourd.

«Grèves de la colère»

  • En pause depuis le décès de la reine, des grèves massives ont paralysé le pays cet été. Dans différents secteurs, des travailleurs ont pris les rues pour dénoncer la hausse fulgurante du coût de la vie et les salaires qui ne suivent pas.
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