Carlos Takam, le test parfait
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Mon vieux chum Jacques Thériault va encore chiquer la guenille, mais Carlos Takam est exactement l’adversaire que ça prenait pour mesurer l’évolution d’Arslanbek Makhmudov.
Jacques chique parce que tout ce qui se fait dans la boxe au Québec est moins bon que les combats présentés par InterBox quand Jacques y était un excellent relationniste. Mais on ne peut empêcher un cœur d’être nostalgique.
J’avais lu les commentaires de mon ami Thériault quand je me suis approché de Takam hier midi après la conférence de presse. Je me suis bien senti. Ça me fait toujours cet effet-là quand je me sens tout petit à côté d’un colosse. Je le vis régulièrement avec Georges Laraque.
Y est gros. Y est très gros. Y a des biceps qui sont gros comme des cuisses de patineurs de vitesse longue piste ou comme celles de Martin St-Louis.
-Tu dois t’entraîner énormément ?
-Je mange surtout beaucoup...
Réponse plus brillante que la question.
UN VRAI DE VRAI
J’ai passé tout l’après-midi à revoir les principaux combats de Carlos Takam. Contre Anthony Joshua, il y a cinq ans, qui l’a dominé comme Joshua le faisait dans ses plus grandes années.
Contre Joseph Parker, face à qui Takam s’est rendu à la décision il y a six ans. Or, quand vous prenez la liste des meilleurs poids lourds au monde, Joseph Parker est dans le groupe du sommet.
Contre Jerry Forrest qu’il a battu par décision.
Contre Joe Joyce qui lui l’a battu par knock-out technique alors qu’il assénait à Takam une pluie de coups.
Joshua, Parker, Forrest, Joyce, ce sont tous des boxeurs de haut niveau qu’Arslanbek Makhmudov va devoir affronter dans les deux prochaines années. Takum s’est battu contre eux à Londres ou à Las Vegas. Il a deux victoires et deux défaites. Si Makhmudov n’est pas capable de passer à travers, Marc Ramsay et Camille Estephan vont être fixés sur la suite des affaires.
L’OBLIGATION QUÉBÉCOISE DE LA VICTOIRE
Et si Makhmudov perdait, est-ce que ce serait la fin de tout ? Au Québec, peut-être. Ailleurs dans le monde, dans un pays normal, pas du tout.
Y a que dans les sociétés vulnérables et colonisées qu’un boxeur a l’obligation de toujours gagner pour éviter d’être vite catalogué jambon.
Simon Kean a perdu une fois et les fans sont encore traumatisés. Steven Butler, à 27 ans, vit avec la déception des passionnés de la boxe depuis sa défaite en championnat du monde contre Ryota Murata au Japon.
Ailleurs dans le monde, il pourrait se battre, gagner une majorité de ses combats, en perdre d’autres et vivre une vie de boxeur professionnel. Pas au Québec.
Parlez-en en Jean Pascal après ses deux défaites contre Sergey Kovalev. Vous vous rappelez, il était fini. Déchu. Une loque qui avait pris sa retraite dans un champ de vaches à Miami prêt à raconter sa vie dans une biographie écrite par Jean-Charles Lajoie.
C’est fou, Jean Pascal est redevenu champion du monde et Luc Gélinas travaille sur sa biographie.
Fait que si Arslanbek Makhmudov perd vendredi contre Carlos Takam, il fera comme Joseph Parker, Anthony Joshua, Joe Joyce et tous les autres poids lourds du top 20, il apprendra, progressera et continuera d’exercer son métier de boxeur.
David Lemieux a perdu deux fois de suite contre Marco Antonio Rubio et Joachim Alcine au Centre Bell. Il a connu une très belle carrière et a assuré son avenir en devenant champion du monde et en affrontant Gennadiy Golovkin au Madison Square Garden devant Donald Trump.
MAKHMUDOV VA CONTINUER
Cela dit, je pense pour l’instant que Makhmudov va franchir une nouvelle étape dans sa carrière. Carlos Takam n’est plus très jeune. Il cogne très dur, mais il n’est pas aussi rapide et étanche en défense qu’il nous l’a dit hier. En tous les cas, quand il est débordé, il se protège mal. C’est arrivé contre Joshua et contre Joyce. Mais on parle d’un champion du monde et d’un porteur de la ceinture Silver de la WBC. Ce n’est pas encore le cas de Makhmudov.
Makhmudov a la force, la technique et la jeunesse pour gagner. Mais quoi qu’en dise Jacques Thériault, un des meilleurs slameurs au Québec, Carlos Takam est un test sérieux.
On va tous être mieux branchés vers 11 h et quart vendredi soir.
Essaie d’être là, Jacquot, on s’ennuie.
Le trio de la soirée
Le trio de la soirée de lundi jouait à Noovo, propriété de Bell. Nick Suzuki, Cole Caufield et Julie Snyder ont animé un talk-show débridé qui montre bien que Bell et surtout Chantal Machabée comprennent bien comment ça marche au Québec.
Y a des bouts où je me demandais comment devaient se sentir Suzuki et Caufield devant les pitreries et les questions dans un franglais plus qu’approximatif de Julie Snyder. Mais quand j’avais la tentation de m’inquiéter sur le malaise qu’ils devaient vivre, je me rappelais à quel point ils étaient jeunes et riches, combien ils étaient idolâtrés par le bon peuple même s’ils ont été les piliers de la pire équipe de la Ligue nationale, et surtout, je me répétais que Chantal Machabée, brillante comme elle l’est, avait sans doute préparé les deux jeunes à ce qui les attendait.
Un fois rassuré sur le sort du capitaine et du scoreur, j’ai savouré.
C’était quand même l’objectif du show. Créer un moment.