Un ado poignardé à côté d’une école au cœur d’une vidéo virale
Le jeune de 13 ans a évité le pire la semaine dernière à Vaudreuil-Dorion
Un ado âgé de seulement 15 ans devra faire face à la justice après avoir violemment poignardé un jeune durant une agression filmée à côté d’une école en Montérégie, la semaine dernière.
« On est intervenus dans un parc de l’avenue Saint-Charles, à Vaudreuil-Dorion. Sur place, les policiers ont procédé à l’arrestation d’un jeune homme pour agression armée », confirme Hélène St-Pierre, porte-parole de la Sûreté du Québec (SQ).
Le conflit, qui a visiblement dégénéré, s’est déroulé le 12 septembre vers 13 h.
L’ado de 13 ans qui a été agressé par arme blanche dans cette séquence diffusée sur Instagram a été reconduit à l’hôpital après l’agression.
La SQ indique que la victime est désormais hors de danger et qu’une enquête est en cours.
« Le suspect d’âge mineur a pour sa part été conduit dans un centre jeunesse en attente de sa comparution », mentionne au Journal Mme St-Pierre.
Notons que celui-ci est âgé de seulement 15 ans.
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Images sanglantes
Au moins quatre vidéos de cette scène sanglante ont été partagées mardi sur les réseaux sociaux. On aperçoit d’abord un ado encapuchonné qui fonce vers un autre jeune et le poignarde à maintes reprises.
Après avoir été blessée, la victime réussit tout de même à prendre les jambes à son cou. Le suspect remet ensuite son arme dans son sac à bandoulière.
« T’as poignardé quelqu’un parce qu’on t’a insulté », lance avec consternation un jeune dans une de ces séquences.
Par la suite, une personne immobilise l’agresseur au sol et un cercle avec de nombreux curieux se forme autour d’eux. On aperçoit aussi un pantalon avec des taches de sang.
Un policier de la SQ prend finalement le relais.
« T’as le droit de garder le silence et tout ce qui sera dit pourra être gardé contre toi. T’as le droit d’avoir un avocat. As-tu compris ? », lui explique un agent en le menottant.
L’arrestation et l’agression se sont d’ailleurs déroulées devant l’école secondaire de la Cité-des-Jeunes, à Vaudreuil-Dorion.
- Écoutez le segment Tout savoir en 24 minutes avec Alexandre Moranville-Ouellet sur QUB radio :
« Ça doit cesser »
« Une communication aux parents a été transmise pour les informer de la situation et leur rappeler que les élèves qui en ressentent le besoin peuvent s’adresser à l’école pour obtenir du soutien », précise le Centre de services scolaire des Trois-Lacs.
La vidéo de cette scène est rapidement devenue virale sur la page « Rap Culture Mtl », qui compte près de 35 000 abonnés.
« Trop de violence à un si jeune âge dans la région du grand Montréal, ça doit cesser », déplore l’administrateur du compte Instagram.
Des expertes s’inquiètent toutefois des effets d’un tel partage (voir autre texte).
Le 20 août dernier, une autre agression au couteau à Montréal-Nord impliquant au moins un ado a été filmée et diffusée sur les réseaux sociaux. La scène de crime montrait un jeune de 17 ans poignardé.
Ne partagez pas ces images, disent des expertes
Pour limiter les conséquences sur la santé mentale, deux expertes demandent aux internautes de ne pas partager des vidéos violentes comme celle devenue virale où l’on voit un ado poignarder un autre jeune à Vaudreuil-Dorion.
« Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les adolescents sont très critiques de ce genre de contenus sur les réseaux sociaux et ça peut avoir un vrai impact sur eux. Après, on peut se demander qui a cru bon de partager de telles images sur internet ? », se questionne Emmanuelle Parent, cofondatrice du Centre pour l’intelligence émotionnelle en ligne.
« Quand il y a un événement violent comme celui à Vaudreuil-Dorion, c’est un réflexe qu’ils vont avoir la vidéo pour saisir ça. C’est une façon de garder une preuve de ce qu’il s’est produit », note aussi Mme Parent, qui rappelle que 9 ados sur 10 au Canada ont un cellulaire sur eux.
Bannir ces images ?
L’experte ajoute que les plateformes comme Instagram doivent prendre davantage leurs responsabilités pour limiter les contenus violents publiés par leurs utilisateurs.
« Il faut que les médias sociaux ciblent mieux ces contenus violents pour les supprimer, par exemple après 24 heures. [...] On sait que les contenus retirés reflètent les valeurs qu’on a en société et celles de l’entreprise. Par exemple, quand on retire les photos des femmes avec trop de peau sur la toile, ça montre les valeurs passées et présentes de plusieurs », évalue Emanuelle Parent.
Émotions fortes
Constat similaire pour Myriam Day Asselin, qui est la cheffe expertise et innovation chez Tel-jeunes.
« Ces images peuvent vraiment créer des émotions fortes chez les jeunes, comme de la colère, de l’incompréhension, de la tristesse et même de la peur. C’est donc préférable de ne pas les partager », explique Mme Day Asselin.
Elle invite d’ailleurs toute personne qui a envie de discuter de ce sujet à contacter l’organisme Tel-jeunes.
« C’est dommage que les contenus violents ne soient pas mieux retirés sur les réseaux sociaux. En même temps, il faut aussi faire l’éducation des jeunes et discuter de l’impact de ces images avec eux », conclut-elle.
SI VOUS AVEZ BESOIN D’AIDE
Tel-Jeunes
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