La plus forte hausse depuis 1981: la bouffe encore plus chère à cause de l'inflation
Le plus gigantesque bond du prix des aliments sur douze mois
Le poids de l’alimentation dans le budget des familles était déjà important et va le devenir encore plus. Si l’inflation s’essouffle à 7%, celle des aliments s’accélère à 10,8%, la plus forte hausse annuelle en 40 ans.
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«On n’est pas sorti de l’auberge. C’est fou», constate laconiquement un expert du secteur alimentaire, Sylvain Charlebois.
Il parle du plus récent rapport sur le coût de la vie de Statistique Canada publié hier. On y constate qu’en août, pour le sixième mois de suite, le rythme de l’inflation alimentaire a dépassé celui de l’inflation tout court.
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Bien pire pour plusieurs produits
Et les hausses sont plutôt importantes. Sur 12 mois, les huiles sont en hausse de 27,7%, les produits de boulangerie, de 15,4%, et les fruits frais, de 13,2%, par exemple.
Derrière ces hausses se cache la réalité. Pour ne donner qu’un exemple, la livre de beurre qu’on payait, en moyenne, 4,99$ il y a un an coûte aujourd’hui, toujours en moyenne, 7,99$.
On ne parle pas d’une augmentation de 7%, comme l’indique Statistique Canada pour la catégorie des produits laitiers, mais bien d’une hausse de 60%.
«Il se passe aussi quelque chose dans la boulangerie, personne n’avait prédit une hausse de 15% dans ce secteur-là», ajoute M. Charlebois.
Pris à la gorge
Le Journal faisait état d’un sondage, hier, qui indique que 24% des Canadiens achètent moins de nourriture depuis 12 mois afin de compenser la hausse des prix.
«On ne fait rien pour aider les gens d’ici sauf leur envoyer un chèque ici et là», lance un travailleur communautaire de longue date au sujet de Justin Trudeau.
Jean-Paul Faniel est directeur général de la Table de concertation sur la faim et le développement social du Montréal Métropolitain (TCFDSMM), qui regroupe 60 organismes de première ligne comme Moisson Montréal.
Il a un message pour le premier ministre du Québec, François Legault.
Un contrôle des prix, SVP!
«Le contrôle du prix des aliments doit être à l’ordre du jour. On compte sur lui», dit-il.
Ça ne se fera pas en criant ciseau, mais il insiste: parlons-en maintenant afin que ça devienne un débat public.
«Veut-on laisser à l’entreprise privée le soin de décider combien ça nous coûte manger?» demande-t-il.
On ne pourra pas régler la question en envoyant chèque après chèque. «Les loyers augmentent, tout augmente. Les gens ne vont pas utiliser ces chèques pour manger», explique M. Faniel.
Si l’État n’intervient pas sur la question du prix des aliments, la situation ne fera que s’envenimer, dit-il.
Car «ça ne tient pas debout que seule l’entreprise privée décide de qui a accès au marché de la bouffe».
L’inflation alimentaire sur 12 mois
10 produits essentiels fortement touchés
- Lait: + 7%
- Légumes: + 9,3%
- Pâtes/riz: + 14,5%
- Fromages: + 7%
- Pain: + 15,4%
- Fruits: + 13,2%
- Œufs: + 10,9%
- Viande: + 6,5%
- Céréales: + 14, 5%
- Beurre: + 7%