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Québec 2022 | Carnet de campagne: Semaine 4

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Nos journalistes sont montés à bord des cinq caravanes des partis politiques qui sillonnent les routes du Québec jusqu’au 3 octobre. Chaque dimanche, Le Journal vous présente les coulisses de ce périple électoral.

Des conversations parfois déroutantes

François Legault était de passage à Lac-Mégantic mardi dernier pour annoncer qu’un gouvernement de la CAQ investira 1,5 G$ sur dix ans pour rénover et construire des infrastructures sportives.
Photo Geneviève Lajoie
François Legault était de passage à Lac-Mégantic mardi dernier pour annoncer qu’un gouvernement de la CAQ investira 1,5 G$ sur dix ans pour rénover et construire des infrastructures sportives.

Être en tête des intentions de vote avec une avance confortable en campagne électorale, ça donne le goût d’enfiler son hoodie préféré et de chausser ses pantoufles.

Se colletailler avec les journalistes et faire des faux pas sur des sujets qu’on n’a pas choisis? Faire des bains de foule où les conversations avec des citoyens ne tournent pas à notre avantage? Le moins possible et le moins longtemps possible.

C’est la stratégie que semble avoir adoptée François Legault depuis le déclenchement du marathon électoral. Certains jours, sa lassitude est palpable. À tel point qu’on peut s’imaginer le premier ministre sortant cocher les jours passés sur son calendrier, le soir, une fois revenu dans ses quartiers.

«Tout a été dit sur le troisième lien, a-t-il même laissé tomber, mardi. Je pense que j’ai dit tout ce que j’avais à dire.»

Vendredi, une seule mêlée de presse était au menu du premier ministre sortant. Elle a duré seize minutes, dont cinq petites minutes d’échanges avec les médias.

Conséquence: la campagne du chef de la CAQ est aseptisée, et ses sorties, très contrôlées. Les véritables bains de foule sont plutôt rares, et ceux qu’il se permet sont paquetés de personnel politique. Même sa conjointe, Isabelle Brais, une femme spontanée connue pour son franc-parler, ne sort plus de la caravane du chef sans une attachée de presse aux fesses.

Rouillé?

Pourtant, en 2018, François Legault était plutôt doué à ce jeu. Mais bien sûr, moins on se prête au jeu, plus on est rouillé lorsqu’on reprend le collier. De passage dans Portneuf samedi dernier, François Legault a pris quelques minutes pour jaser avec des citoyens attirés par la venue de la caravane caquiste.

Les conversations sont parfois déroutantes. Déçu que le gouvernement accepte d’aider financièrement des distilleries du Québec qui achètent leur alcool en Ontario, un des fondateurs de la distillerie Ubald, Hugo d’Astous, qui produit des spiritueux avec des pommes de terre locales, a interpellé le premier ministre. La réponse a dû le surprendre.

«Ça n’a pas de bon sens [...], mais je vais changer un petit peu le sujet. Le vin, y aurait-tu moyen, si on mettait de l’argent du gouvernement, d’avoir plus de production de vignes pour le vin?» a lancé François Legault.

Mardi, il était à Lac-Mégantic pour une annonce sur les infrastructures sportives. Si ce n’avait été de la pluie, le scénario aurait été parfait. Le chef de la CAQ en mêlée de presse sur le bord d’un terrain de football, pendant qu’une équipe de l’école secondaire du coin s’entraînait.

Le premier ministre sortant a ensuite piqué une petite jasette avec les jeunes athlètes. Il a parlé de Laurent Duvernay-Tardif comme d’un modèle. Les adolescents ont acquiescé en cœur. Jusque là, tout allait bien. 

«C’est quand même spécial un ballon de football, il y a du monde qui ne comprennent pas comment ça se fait qu’ils ont fait le ballon de même, a enchaîné François Legault. Est-ce qu’elle finit bientôt, la saison?»

Geneviève Lajoie, avec la CAQ

«Et il répond par la bouche de ses canons!»

Le chef péquiste a gagné aux quilles à Baie-Comeau, mais a commencé en lançant sa boule dans le dalot.
Photo Nicolas Lachance
Le chef péquiste a gagné aux quilles à Baie-Comeau, mais a commencé en lançant sa boule dans le dalot.

Détrompez-vous, ce n’est pas Frontenac qui écrit à l'amiral Phips aux portes de Québec avec sa flotte de 32 navires anglais en octobre 1690.  

Cette déclaration est de Paul St-Pierre-Plamondon, chef du Parti Québécois, qui venait de faire un abat au salon de quilles de Baie-Comeau, en compagnie de sa garde rapprochée.  

PSPP avait pourtant très mal commencé sa partie. Il venait de lancer sa boule de quilles verte, choisie avec minutie, directement dans le dalot gauche de l’allée.  

Un collègue journaliste l’avait pourtant mis en garde. 

«Vous êtes certain de vouloir faire ça? François Legault, il ne ferait jamais ça», a dit le journaliste. 

«Pourquoi?», a répliqué le chef péquiste.  

«Si vous faites un dalot...», a avancé le collègue. Le chef du PQ a rigolé, faisant fi de cette information. Malgré les caméras et les journalistes qui salivaient, il s’est élancé.  

Ce qui devait arriver arriva, les dix quilles n’ont pas bougé. Avec sa moue empreinte de déception, PSPP a levé les yeux et les bras au ciel. L’orgueil était atteint.    

À mi-chemin, le vent a tourné. Il a réussi à enfiler deux abats consécutifs, sautant de joie, cherchant comme un enfant l’attention et les félicitations. Un sourire sincère, des rires... Le chef péquiste s’est soudainement décontracté.  

Une première durant cette campagne.  

Malgré sa petite progression dans les sondages et de bons débats, PSPP montre peu d’émotion. Il faut être franc, sur le terrain, il peine à entrer en contact avec les citoyens. On sent parfois le malaise, surtout qu’il y a peu de militants durant ses activités.  

Il se dit «authentique», mais peut sembler éteint par moment.  

Dans ce salon de quilles désert, le chef a pour une rare fois montré sa vraie nature.  

Il aime la compétition. Il aime gagner. Comme lors des débats, il était à son mieux. D’ailleurs, PSPP a finalement remporté la partie de quilles.  

Est-ce un signe pour le 3 octobre prochain?  

Le temps commencé à lui manquer. Le chef est même tombé malade vendredi et a dû suspendre ses activités. 

L’équipe gazée  

Mardi, la caravane du Parti Québécois s’est réveillée sur la Côte-Nord et s’est endormie tard à Montréal à la suite d’un débat. En chemin, une odeur de gaz a envahi l’habitacle. Les passagers ont commencé à paniquer un peu. Gorges irritées, maux de tête: ça n’allait vraiment plus. «J’ai peur de m’endormir et ne plus me réveiller», a lancé, en riant jaune, un journaliste. 

La génératrice avait une fuite. De Québec à Montréal, pour régler temporairement la situation, une trappe au plafond a été ouverte. N’ayez crainte, on nous assure que l’autobus a été réparé pour terminer la campagne.  

Nicolas Lachance, avec le PQ

Et pourtant, elle danse

Les calamités continuent de s’abattre sur la campagne libérale, mais Dominique Anglade garde le sourire. 

Même au lendemain de la disqualification de son candidat dans Matane-Matapédia (depuis réhabilité), la cheffe libérale accueillait son équipe dans l’autobus de campagne en dansant sur l’air entraînant de I Gotta Feeling, des Black Eyed Peas. La veille, Mme Anglade semblait pourtant furieuse et promettait de «sérieuses conversations à l’interne», mais elle avait depuis su rebondir. 

D’ailleurs, la sélection musicale dans l’autobus de la cheffe est pleine de messages pas du tout subliminaux. On motive la candidate à coups de Don’t Stop Believin’ (Journey), I Will Survive (Gloria Gaynor) et Unstoppable (Sia). 

Du côté francophone, la chanson C’est la vie (Khaled) côtoie Grignotines de FouKi et Basilic de Qualité Motel. 

Grâce à la musique, «Dominique» fait donc campagne dans la bonne humeur. Mais, comme le soulignait l’animateur Paul Arcand sur les ondes du 98,5 FM cette semaine: «Ça dansait sur le Titanic aussi». 

Patrick Bellerose, Bureau parlementaire

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