La pénurie de «bonnes jobs» pire que jamais
Le nombre de postes vacants mal payés à un sommet
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Un peu moins de 30% des 252 000 postes vacants au Québec se trouvent dans les secteurs du commerce de détail et de la restauration, dont la moyenne des salaires est de 21,81$ de l’heure.
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«Il y a un gros, gros problème du côté des conditions de travail, de l’organisation du travail, de la reconnaissance des employés. Ce sont des enjeux aussi importants que le salaire», lance une spécialiste du monde du travail, Diane-Gabrielle Tremblay.
La professeure d’université observe aussi que les emplois dans le commerce de détail ou de la restauration «ne paient pas toujours très bien, c’est le moins qu’on puisse dire».
Ces deux secteurs comptent pour près de 30% de tous les postes vacants du Québec.
Dans l’ensemble, il y a présentement de 252 000 postes vacants, une hausse de 31% en un an, pour une moyenne salariale de 22,81$ de l’heure.
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De ce nombre, 147 241 emplois (58,4%) ne demandent aucune expérience et 90 548 (35,9%) sont vacants depuis 4 mois ou plus.
«Il n’y a pas à proprement parler une pénurie de main-d’œuvre, mais il y a une pénurie de bons emplois», répète Julia Posca, économiste à l’IRIS.
Avec le vieillissement de la population – on parle de 60 000 retraites chaque année au Québec – et la stagnation des seuils d’immigration, «on peut s’attendre à ce que les entreprises continuent à faire face à des difficultés de recrutement», ajoute-t-elle.
À moins, bien entendu, qu’une récession survienne.
«Là, le gros bout du bâton reviendrait dans les mains des patrons», observe l’économiste.
Bien traiter son monde, la base
Il y aurait avant tout un grand ménage à faire du côté des employeurs et de l’organisation du travail, avance Mme Tremblay.
«Le gouvernement crie à la pénurie, mais si on traite mal ses employés, il ne faut pas se surprendre que les gens ne veuillent pas y aller», explique la professeure de la TELUQ.
Elle pense entre autres aux infirmières et aux travailleuses de la santé, un secteur qui compte 36 000 postes vacants.
Même avant la pandémie, observe-t-elle, les gens étaient déjà prêts à changer d’emploi pour avoir un meilleur contexte de travail.
On parle ici de la durée du travail, «de ne pas avoir des prolongations imprévues ou non planifiées», et aussi du fait d’avoir des horaires que l’on connaît à l’avance.
252 000 POSTES VACANTS AU QUÉBEC
- 84,3% sont des postes permanents
- 79,7% sont des postes à temps plein
- 35,9% sont vacants depuis 120 jours ou plus
- 58,4% des postes ne demandent aucune expérience
Source: Institut de la statistique du Québec et Statistique Canada