Une campagne un peu boiteuse
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Ce n’est pas faire injure à François Legault que de constater qu’il a mené une campagne un peu boiteuse.
Sa réélection était assurée, et elle l’est encore. Mais déjà, on se demande à quoi servira son prochain mandat.
Son slogan de campagne était finalement révélateur, «Continuons». Mais continuons quoi?
Quels objectifs se donne-t-il?
Legault
Il y a quelques semaines, François Legault demandait un mandat fort pour réclamer de nouveaux pouvoirs à Ottawa en immigration.
Mais on apprenait hier qu’il n’en faisait plus une priorité. Pire encore : découvrant cette question «délicate» (depuis quand réclamer des pouvoirs à Ottawa est-il délicat?), il a décidé de ne plus la placer au cœur de son programme.
Au fil de la campagne, il a d’ailleurs risqué quelques audaces autour de l’immigration, mais il a vite rétropédalé, comme s’il s’excusait d’avoir contesté la pensée unique entourant cette question.
Depuis quelques jours, il s’est replié sur «l’économie». Certes. Mais en faisant cela, il rétrécit considérablement son horizon historique.
- Écoutez La rencontre de l'heure Mathieu Bock-Côté et Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 10 h via QUB radio :
François Legault est certainement le premier ministre disposant du plus grand bénéfice politique des trente dernières années. Il pourrait accomplir de grandes choses.
Il se perd désormais dans la gestion de la vie quotidienne, et n’a plus de projet collectif que le troisième lien, nécessaire, certes, mais qui devient une obsession nationale.
Alors continuons quoi? Continuons de réclamer nos pouvoirs à Ottawa tout en se faisant dire non? Continuons de maintenir des seuils d’immigration qui anglicisent Montréal et Laval?
- Encore plus de Mathieu Bock-Côté, écoutez son édito diffusé chaque jour en direct 10 h via QUB radio :
Continuons?
François Legault a eu un bon premier mandat, et les Québécois lui en sont reconnaissants.
Mais je ne comprends pas ce qu’il nous demande de continuer. Sinon de continuer de trottiner, alors que le Québec ne va pas bien, décline, se défrancise, et sans se l’avouer, disparaît.
Il aura besoin d’une bonne opposition pour le challenger. Reste à voir laquelle les Québécois lui donneront.