Le ministre Jean Boulet affirme que 80% des immigrants «ne travaillent pas, ne parlent pas français»
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Le ministre Jean Boulet a affirmé que 80% des immigrants «ne travaillent pas, ne parlent pas français, ou n’adhèrent pas aux valeurs de la société québécoises», lors d’un débat en Mauricie le 21 septembre dernier. Il s’est défendu en disant «avoir mal exprimé sa pensée».
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«80 % des immigrants s’en vont à Montréal, ne travaillent pas, ne parlent pas français, ou n’adhèrent pas aux valeurs de la société québécoise», a déclaré M. Boulet sur les ondes d’ICI Mauricie, mercredi dernier.
Le ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration a également soutenu que le débat sur le nombre d’immigrants qu’il convient d’accueillir est une question purement académique. «Les immigrants, les seuils, c’est un débat purement académique, il faut s’assurer de bien les intégrer», a-t-il dit.
Ces propos contrastent avec certaines déclarations du premier ministre sortant, François Legault, qui maintient que le gouvernement de la CAQ s’est assuré que «80 % des nouveaux arrivants parlent français avant d’être choisis.»
De fait, selon des données du ministère de l’Immigration pour l’année 2021, 84,4 % des immigrants économiques accueillis par Québec connaissaient le français.
En outre, la part des immigrants arrivant à Montréal était de 65% l’an dernier, selon l’Institut de la statistique du Québec.
Le ministre s’excuse
Après que ses propos ont refait surface sur les réseaux sociaux, Jean Boulet a publié un message sur Twitter exprimant que ses mots ont dépassé sa pensée.
«Je suis désolé d’avoir mal exprimé ma pensée. L’extrait diffusé ne reflète pas ce que je pense. Il faut continuer de miser sur l’accueil, la francisation et l’intégration des immigrants, qui sont une richesse pour le Québec», a-t-il écrit.
Des propos inacceptables, disent les libéraux
Ces propos ont suscité l’indignation de la candidate libérale Isabelle Melançon, qui les a qualifiés d’«inacceptables».
«Ces préjugés ne correspondent TELLEMENT pas à ce que je vois sur le terrain, à Verdun. C'est déplorable de constater que c'est ce que pense le ministre de l'emploi sortant», a-t-elle noté.
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«Qu’avez-vous fait depuis 2018? Vous êtes le ministre de l’immigration sortant, votre gouvernement a même mis en place un test des valeurs. Parlez-nous de votre bilan au niveau de la régionalisation au lieu de propager vos préjugés», a renchéri le candidat libéral dans Nelligan, Monsef Derraji.
Régionalisation
À son corps défendant, Jean Boulet avait abordé la question de la régionalisation et de la francisation immédiatement après avoir fait sa déclaration qui suscite aujourd’hui la controverse, lors du débat le 21 septembre dernier.
«On a mis en place neuf directions régionales (...). Ce sont des personnes qui font de l’intégration, qui font de l’accompagnement personnalisé des immigrants pour leur permettre de bien intégrer de manière harmonieuse la communauté et le milieu du travail», avait-il alors souligné.
«La francisation, on a doublé les budgets en francisation, et il s’en fait un peu partout. Avec la loi 96, on a créé un guichet unique qui s’appelle francisation Québec, qui va permettre de simplifier le processus et de donner un accès favorable», avait ajouté le ministre.