Que cache le nouveau ton zen de Legault?
Coup d'oeil sur cet article
C’est à se demander si le vent des Îles-de-la-Madeleine n’a pas profondément apaisé François Legault. À moins que ce ne soit la détresse des sinistrés de Fiona qui l’ait ramené à l’essentiel de son rôle de premier ministre.
Toujours est-il que le chef de la Coalition avenir Québec semble avoir pris une grosse bouffée de zénitude lors de son passage en Gaspésie.
Celui qui, pas plus tard que vendredi dernier, lançait une charge agressive contre ses adversaires conservateurs et solidaires, les traitant d’irresponsables crypto-trumpistes et d’idéalistes déconnectés, a soudainement changé de ton.
François Legault fait un 180 degrés et tend la main à ses adversaires.
- Écoutez aussi la rencontre Latraverse – Dumont diffusée chaque jour en direct 17 h via QUB radio :
Coup de barre
À une semaine du vote, le chef de la CAQ a bien vu qu’il obtient le plus faible taux d’appuis dans la population depuis le début de son mandat.
Le message est clair. Les électeurs n’apprécient pas sa campagne.
Il y a de quoi. Depuis quatre semaines, il s’est embourbé dans des approximations aussi maladroites que malaisantes sur l’immigration, a systématiquement refusé de dévoiler les études sur le 3e lien, a attaqué ses adversaires avec un air renfrogné.
Finalement, François Legault a fait ressortir ses pires défauts.
Or, il devait plutôt profiter de cette campagne pour faire entrevoir tout le potentiel d’un second mandat.
En faisant preuve d’ouverture, il tente de ressusciter le leader rassembleur de la pandémie, à l’époque où on croyait encore que ça allait bien aller.
Stratégique
La CAQ a beau rêver d’une super-majorité à l’Assemblée nationale, son chef n’a toujours pas réussi à faire valoir en quoi un «mandat fort» ferait substantiellement avancer le Québec.
Les partis d’opposition ont chacun saisi l’occasion d’articuler un plaidoyer fort efficace contre l’hégémonie caquiste.
François Legault se sait soudainement vulnérable aux appels au vote stratégique de ses adversaires. C’est pourquoi il fait le pari de rassurer les indécis en se montrant ouvert à «travailler avec l’opposition sur l’environnement et la protection du français».
Le co-porte-parole de Québec solidaire a beau accepter cette main tendue, c’est pour la galerie. Il n’y a que très peu de transferts d’appuis entre les deux partis.
Il faut donc regarder du côté du Parti Québécois. Pour un François Legault en perte de vitesse, quelle meilleure façon de neutraliser l’affabilité et la bonne foi de Paul St-Pierre Plamondon que de s’en inspirer?
Car malgré le succès d’estime non négligeable que suscite Paul St-Pierre Plamondon, il est encore loin d’avoir remporté son pari.
De la Gaspésie à la Côte-Nord en passant par Joliette, les anciennes forteresses péquistes demeurent parmi les gains potentiels les plus accessibles à la CAQ en vue du 3 octobre prochain. L’impressionnante opération de sortie de vote que sa machine a orchestré au cours du vote par anticipation en fait foi.
La CAQ fait le pari que le PQ manquera de temps pour consolider son momentum d’ici lundi prochain.
Pendant que François Legault continuera sur le mode camomille, Paul St-Pierre Plamondon espère que sa campagne pourra carburer au Red Bull.