Un fiasco informatique coûtera 50 M$ à la Ville
Le retour vers Microsoft coûtera cher à la Ville
Coup d'oeil sur cet article
Pour la deuxième fois en quatre ans, la Ville de Montréal se voit obligée de changer de suite bureautique pour ses employés. Après être passés à Google en 2019, les fonctionnaires reviendront à Microsoft en 2023.
• À lire aussi: Rapport du BIG: des irrégularités dans l’octroi d’un contrat en informatique
Selon un document obtenu par le Journal, la Ville estime qu’il en coûtera pas moins de 50 M$ de plus sur 10 ans que si elle avait poursuivi son précédent contrat avec la firme Onix Networking Canada Inc.
Ce changement est nécessaire notamment à cause d’irrégularités majeures dans l’appel d’offres remporté en 2018 par la firme Onix pour fournir les outils de Google.
La Ville conclura donc sous peu un nouveau contrat sans appel d’offres de 28 M$ via le ministère de la Cybersécurité et du Numérique, qui relève du gouvernement du Québec, pour l’acquisition d’Office 365 pour trois ans.
Irrégularités dans l’appel d’offres
Les irrégularités dans le contrat d’Onix avaient été mises au jour en janvier dernier par le Bureau de l’inspectrice générale (BIG), qui estimait que la soumission de l’entreprise aurait dû être déclarée non-conforme.
«Il appert que la même rigueur et la même sévérité dans l’évaluation d’un critère n’ont pas été appliquées uniformément à tous les soumissionnaires», soutenait le rapport, qui demandait à l’administration Plante de mettre fin au contrat d’Onix le plus rapidement possible.
Pendant la transition vers son nouveau fournisseur, la Ville devra en outre continuer de payer ses licences Google en plus de celles de Microsoft pendant deux ans, ce qui engendrera des coûts supplémentaires.
Selon l’administration, cela permettra toutefois au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) de travailler dans le même environnement informatique que les autres services.
Le SPVM n’avait pas fait le saut à Google en 2019, pour des raisons de sécurité.
«Depuis la pandémie, notre monde a changé, tout comme nos besoins numériques. Nos systèmes doivent être compatibles avec ceux des autres institutions et paliers de gouvernement, explique l’attachée de presse de la mairesse Valérie Plante, Marikym Gaudreault. C’est la meilleure décision d’affaire dans le contexte.»
Un «fiasco» dit l’opposition
«Je suis surpris et inquiet que l’administration se félicite de changer une solution implantée il n’y a même pas trois ans et de faire des dépenses inutiles. C’est un fiasco total», peste Abdelhaq Sari, porte-parole en matière de technologie de l’information à l’opposition officielle.
L’élu rappelle avoir averti l’administration Plante en 2018 qu’une migration vers Google était risqué notamment à cause des incompatibilités avec le SPVM.
«On avait déjà prévu qu’il y aurait un fiasco, dit-il. On parle de millions de dollars que les contribuables devront payer. Cinquante millions c’est un centre sportif qu’on aurait pu ouvrir pour nos jeunes, mais qu’on va jeter à la poubelle.»