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Un géant fragilisé

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Pendant mes 20 ans de politique active, le Parti libéral était une puissance. Pas toujours au pouvoir, mais invariablement respecté comme une machine organisationnelle rodée au quart de tour. Surtout, le PLQ avait la réputation de pouvoir s’appuyer sur un bassin impressionnant d’organisateurs aguerris.  

Jean Lapierre nous faisait bien rire avec son expression « les vieilles mains libérales ». Il décrivait ainsi, d’une façon imagée et brillante, la réalité d’un parti qu’il ne fallait jamais sous-estimer.  

J’ai vécu de près les années Charest alors que plusieurs en sont venus à se demander si le PLQ était en train de devenir invincible. Un parti qui pouvait en partant s’appuyer sur une bonne trentaine de châteaux forts, les circonscriptions avec une tranche significative de non-francophones.

En ajoutant à cette solide base le fait que le PLQ était un parti nettement mieux financé que ses adversaires et très bien organisé, il paraissait indélogeable.  

Ajoutons-en. Son ancrage était solide dans les establishments d’affaires. Ses années au pouvoir lui avaient permis de prendre le contrôle de la fonction publique. Rien ne semblait menacer le PLQ.

  • Écoutez l'édito de Mario Dumont diffusé chaque jour en direct 15 h 30 via QUB radio :

Glissade

Les choses ont changé en peu de temps.

À quelques jours du vote, le Parti libéral fait face à un péril sans précédent. On ne sait plus quoi appeler un château fort aujourd’hui. Le PLQ se bat pour sa survie, poussé dans ses derniers retranchements notamment de l’ouest de Montréal.

Tout n’est pas perdu. Des députés bien implantés ainsi que la campagne énergique et la résilience de Dominique Anglade pourraient permettre de sauver les meubles. Les déclarations de la CAQ sur l’immigration pourraient motiver leurs électeurs.  

Si le PLQ gardait une vingtaine de sièges et conservait son titre d’opposition officielle, ce ne serait pas la fête, mais la catastrophe aurait été évitée.

Cependant, des scénarios tragiques pèsent à ce moment-ci au-dessus de la tête du PLQ. Le vote par anticipation semble avoir été nettement plus faible dans les territoires libéraux. Cela n’annonce rien de bon pour la sortie du vote rouge.

L’organisation a été déficiente depuis le jour un de la campagne. L’appui chez les francophones est presque nul. Même l’appui chez les non-francophones, dans les 40 %, se trouve dans un creux historique.

Les libéraux ne peuvent pas exclure le scénario de la débâcle lundi soir. Perdre le statut d’opposition officielle. Finir troisième ou pire dans le vote populaire. Finir cinquième et dernier dans plus de la moitié des comtés, soit dans l’ensemble des régions francophones. En somme, devenir ce qu’on appelait jadis un tiers parti, concentré dans le Montréal anglophone.

  • Écoutez aussi la rencontre Dutrizac – Dumont diffusée chaque jour en direct 7 h via QUB radio :

Historique

Un tel résultat aurait une portée historique au Québec. Qu’on l’aime ou non, le Parti libéral est une institution à part. Seul parti à exister depuis la Confédération, il a traversé les époques et les tempêtes, demeurant un lieu de convergence entre francophones, anglophones et nouveaux arrivants. Il a aussi joué le rôle de défenseur du fédéralisme.

Plusieurs ténors libéraux sont restés silencieux dans le dernier mois. Cela pourrait coûter cher.

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