Québec 2022: six scénarios étonnants, mais pas impossibles, qui pourraient survenir lundi
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Les élections réservent toujours leurs lots de surprises et de revirements. On n’a qu’à penser à la vague orange des élections fédérales de 2011, où le NPD de Jack Layton avait tout balayé sur son passage au Québec. Qu’en sera-t-il cette fois lors des élections provinciales de lundi prochain? Nous vous présentons ici six scénarios potentiels qui pourraient se concrétiser. Ou pas.
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1. LE PQ RAYÉ DE LA CARTE
Dans ce cas, il ne s’agirait pas vraiment d’une surprise, puisque certains n’ont pas hésité à parler de la mort annoncée du PQ à l’issue des élections actuelles. Mais qu’en est-il vraiment?
« Au tout début de la campagne électorale actuelle, le potentiel de zéro député pour le PQ existait », commente Christian Bourque, vice-président de la firme Léger.
Le vent semble avoir tourné depuis que le chef a livré des performances solides aux deux débats des chefs télévisés. Toutefois, on ne peut pas parler ici d’un souffle de tempête.
Le PQ a été en mesure de relever la tête dans les sondages. Cette lancée lui permettra sans doute de conserver ses châteaux forts de l’est du Québec, particulièrement dans Matane-Matapédia, où le vétéran Pascal Bérubé est bien en selle, mais elle ne devrait pas être suffisante, croit M. Bourque, pour maintenir les 10 sièges obtenus en 2018.
2. UN BALAYAGE DE LA CAQ
François Legault pourrait-il effectuer un balayage lundi soir à la mesure de celui que Robert Bourassa avait réalisé en 1973, en décrochant 102 sièges sur 110 ?
Sans doute pas, parce que la CAQ pourra difficilement percer dans les circonscriptions anglophones et allophones, concentrées sur l’île de Montréal, juge Christian Bourque, où elle n’a pas de base, contrairement au Parti libéral en 1973.
« Peu importe le parti, un balayage n’est pratiquement pas possible au Québec, à moins qu’on ne soit favorisé par les électeurs anglophones et allophones », souligne-t-il.
En outre, selon lui, il ne faut pas oublier la présence bien établie de Québec solidaire à Montréal, que la CAQ ne pourra pas déloger.
3. LE PLQ PERD DES PLUMES ET PEUT-ÊTRE SA CHEFFE
En termes de pourcentage de voix, les résultats du Parti libéral du Québec lors des élections de lundi soir pourraient être les pires pour la formation depuis la Confédération de 1867, pires encore que ceux de 2018, où les libéraux avaient récolté 25 % du vote populaire.
Cela représenterait toute une dégringolade pour un parti qui a réussi à former pas moins de 25 gouvernements dans l’histoire du Québec.
Et si les libéraux passent sous la barre de 20 % du vote ou de 12 députés élus, ils pourraient même perdre leur statut de groupe parlementaire et les budgets qui vont avec, à moins d’une entente avec les autres partis.
« Toutes les circonscriptions où la majorité de l’électorat est francophone sont en danger pour les libéraux, y compris sur l’île de Montréal », note Christian Bourque, de la firme Léger. C’est le cas ainsi pour Saint-Henri–Sainte-Anne, où la cheffe Dominique Anglade se représente et où a lieu une lutte à trois entre elle, le candidat solidaire et celui de la CAQ.
Les dernières projections prévoient que le PLQ obtiendra lundi une vingtaine de sièges avec environ 16 % du vote, comparativement à 31 sièges en 2018.
4. UN GOUVERNEMENT MINORITAIRE POUR LA CAQ
Que penser de la possibilité d’un gouvernement minoritaire pour la CAQ ? Les Québécois peuvent changer rapidement d’allégeance, comme on l’a déjà vu dans le passé.
Christian Bourque ne rejette pas cette éventualité. « Au Québec, on a l’épiderme assez mince en temps électoral », remarque-t-il.
Par contre, à son avis, au moins une condition doit se produire pour que la CAQ se retrouve en zone minoritaire : il faut que l’appui au parti passe sous la barre des 31 % des votes. Les derniers sondages font plutôt état d’un appui entre 35 et 40 %.
De plus, le terrain ne semble pas propice à un tel recul de l’appui populaire. « La question de l’urne lors des élections actuelles n’est pas de sortir le gouvernement en place », indique M. Bourque.
5. QUÉBEC SOLIDAIRE OPPOSITION OFFICIELLE ?
François Legault a semblé cautionner cette idée dans la campagne actuelle en affirmant à plusieurs reprises que la lutte électorale allait se jouer à deux, entre son parti et Québec solidaire.
Mais, pour arriver à former le premier groupe d’opposition, le parti de Gabriel Nadeau-Dubois et de Manon Massé a une bonne pente à monter. Il doit au moins doubler son nombre de sièges pour le faire passer de 10 à 20.
Il s’agit d’un gros contrat, selon Christian Bourque, de chez Léger.
« Ça prendrait, dit-il, deux phénomènes : que des bastions libéraux dans l’île de Montréal basculent vers QS, et que des sièges adjacents aux leurs, à Sherbrooke et à Rouyn-Noranda, passent aussi vers QS. »
« Il faudrait que ce soit, précise-t-il, comme une tache d’huile autour des comtés qu’ils maîtrisent déjà. »
6. UNE PERCÉE DE DUHAIME PLUS FORTE QUE PRÉVU
Les astres pour le Parti conservateur du Québec ne semblent pas alignés pour que la formation et son chef nouveau venu puissent causer une surprise importante aux élections de lundi.
« Le PCQ a fait son plein d’appui », estime Christian Bourque, de chez Léger.
Et ce plein d’appui se situe entre 15 % et 20 % des intentions de vote dans les différents sondages. Il n’a pratiquement pas bougé depuis le début de la campagne électorale.
Avec l’arrivée d’Éric Duhaime comme chef en avril, la formation avait bondi dans les sondages pour se stabiliser par la suite.
En outre, il est à noter que la victoire n’est pas acquise pour M. Duhaime dans la circonscription de Chauveau, où il se présente et où le député sortant de la CAQ conserve de solides racines.