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Romans d’ici: tant de manières de disparaître

Disparaître
Photo courtoisie

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Des mondes étranges, la réalité qui tourne mal... Jacques Lemaire fait preuve de toute une imagination sur le thème de la disparition!

C’est une première incursion en littérature pour Jacques Lemaire, qui a longtemps œuvré dans le monde scolaire. Elle se déploie en 14 nouvelles dont le titre de son recueil annonce le thème : Disparaître.

L’une de ces nouvelles est toutefois déjà connue puisqu’en 2019, « Le ravin » avait remporté le Prix de la nouvelle de Radio-Canada. C’est d’autant plus à signaler que le jury, cette année-là, était composé de la grande Marie-Claire Blais, aux côtés de Blaise Ndala et Stéfanie Clermont, eux-mêmes solides écrivains.

«Le ravin» reste l’un des textes forts de Disparaître. Il suit au plus près les pensées d’un soldat de la Deuxième Guerre mondiale sur le point d’être fusillé. On est dans sa tête et c’est bouleversant.

Mais d’autres nouvelles sont elles aussi troublantes. Deux textes qui touchent le quotidien se démarquent à cet égard.

Il y a d’abord «Carnet de voyage», où un touriste qui aime se mêler à la faune locale va s’en retrouver victime. On s’identifie tout du long au narrateur, mais au fond, le retournement de situation qu’il vit est tout à fait logique.

Dans une autre veine, «La mémoire en allée (journal d’une disparue)» cerne avec réalisme le monde de plus en plus embrouillé d’une femme atteinte de la maladie d’Alzheimer. On en sort profondément ému.

Quant à l’étrangeté, elle ne se limite pas aux rêves dans l’univers de Lemaire. Il faut voir comment un tatoueur devient obsédé par l’élégant dessin qu’il trace sur une peau attirante. Et comment un homme se met à fréquenter une cour du Plateau Mont-Royal, attiré par une Chose qui lui fait renoncer à tout. La nouvelle s’appelle «La fin du monde», et ce n’est pas en vain. 

Folie et frissons

On sourira par ailleurs à la prémisse de la première nouvelle qui, comme le recueil, s’appelle «Disparaître». À 15 ans, le protagoniste décide «de n’être personne», ce qui est bien autre chose que mourir. Il s’agit plutôt de faire en sorte «qu’on l’oublie et qu’il s’oublie». Et pour l’inspirer, il se tourne vers un camarade d’école qui le laisse absolument indifférent et qui s’appelle... Jacques Lemaire.

Le recueil n’est toutefois pas marqué par l’humour. Il plonge plutôt dans les aspects sombres de l’humain, qui mène parfois à la folie ou à des comportements extrêmes qui font frissonner.

Mais il se termine sur une jolie note : l’amour d’un chien pour son maître, un homme au sombre passé qui s’effondre sous ses yeux. La bête ne l’oubliera pas.

Chaque nouvelle est racontée avec le ton approprié, aucune ne se ressemble, et on embarque sans peine dans les scénarios proposés. Même le déroutant est rendu avec crédibilité.

En fait, rien n’est relâché ici ; même le vocabulaire et la syntaxe sont remarquablement maîtrisés. Lemaire contrôle tout de ses disparitions!

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