Retour aux sources dans les Laurentides pour Charlotte Le Bon
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Après avoir passé une dizaine d’années à enchaîner les rôles au petit et au grand écran en France, l’actrice et cinéaste Charlotte Le Bon a renoué avec le Québec il y a quatre ans en s’achetant une maison dans les Laurentides. C’est d’ailleurs dans cette région qui l’a vue grandir que la Québécoise a tourné son premier long métrage, Falcon Lake.
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Présenté mercredi passé en ouverture du Festival du nouveau cinéma (FNC) après avoir reçu un accueil chaleureux à la Quinzaine des réali-sateurs de Cannes en mai dernier, Falcon Lake relate les premiers émois d’un adolescent parisien de 13 ans (Joseph Engel) qui tombe sous le charme d’une fille de 16 ans (Sara Montpetit), pendant un séjour chez une famille d’amis québécois, au bord d’un lac.
Pour ce premier long métrage derrière la caméra, Charlotte Le Bon a choisi de porter à l’écran le roman graphique Une sœur, de l’auteur français Bastien Vivès.
«C’est Jalil Lespert, un réalisateur avec qui j’ai déjà travaillé [pour le film Yves Saint-Laurent], qui m’a fait découvrir le livre de Bastien Vivès», confie l’actrice et réalisatrice de 36 ans, en entrevue au Journal.
«Il est venu me visiter il y a quelques années pendant que je montais mon court métrage, Judith Hotel. Il m’a tendu la bande dessinée en me disant : lis cela, je pense que ça pourrait être un matériel intéressant pour un premier film. Je l’ai lu et effectivement, j’ai trouvé qu’il y avait un énorme potentiel.»
Une de ses premières décisions a été de transposer le récit du film dans les Laurentides (l’histoire du livre se déroule plutôt en Bretagne) afin de pouvoir tourner dans un environnement qu’elle «connaît par cœur» et qui la «touche depuis des années».
«Je trouve que les étés au Québec sont absolument magiques, dit-elle. Et ils sont teintés d’une forme de nostalgie parce qu’ils sont tellement courts.»
Étrangeté
L’écriture du scénario n’a toutefois pas été simple. Dès leur première rencontre, l’auteur Bastien Vivès a prévenu Charlotte Le Bon qu’il jugeait que son livre était «inadaptable».
«Il n’avait pas totalement tort parce que les deux premières versions que j’ai écrites étaient plus fidèles au livre, et c’est vrai que ça ressemblait à une espèce de récit initiatique assez classique, se souvient-elle. C’est quand j’ai commencé à fermer la BD et à injecter au scénario mes propres histoires et des éléments qui me plaisent, comme l’étrangeté et des références au cinéma de genre, que ç’a commencé à devenir plus intéressant.
«Je voulais éviter le plus possible de faire un film mièvre et mignon sur l’adolescence, ajoute-t-elle. Mes propres souvenirs de l’adolescence ne sont pas super glorieux ni lumineux. Pour moi, ç’a été une période assez dark et solitaire. Je me souviens aussi que la première fois que je suis tombée amoureuse et que j’ai vécu de la sexualité, ça me faisait vraiment peur. Je trouvais ça intéressant d’utiliser l’étrangeté pour faire un jeu de miroir entre ces sentiments hyper terrifiants, mais aussi super excitants.»
Un coup de cœur
C’est Sara Montpetit, la Maria Chapdelaine du dernier film de Sébastien Pilote, qui défend le rôle principal féminin de Falcon Lake. Charlotte Le Bon dit avoir eu un coup de cœur pour la jeune actrice de 20 ans en la découvrant à l’occasion d’une séance de casting sauvage, pendant laquelle des candidates âgées de 15 à 19 ans devaient raconter un rêve qu’elles avaient déjà eu.
«Je voulais trouver une actrice qui aurait une essence similaire à celle du personnage et j’ai tout de suite senti que c’était le cas en voyant Sara raconter son rêve», dit Charlotte Le Bon.
Même si elle a amorcé sa carrière au cinéma comme actrice (après avoir travaillé comme mannequin et miss météo à Canal+), Charlotte Le Bon n’a jamais eu l’intention de se donner un rôle dans son film. La raison est simple : elle déteste se voir à l’écran.
«Je joue en ce moment dans la deuxième saison de C’est comme ça que je t’aime et c’est une tragédie parce que j’adore la série et que je ne veux pas regarder la deuxième saison parce que je suis dedans, lance-t-elle en riant. Me regarder jouer dans un de mes films, ce serait vraiment un cauchemar pour moi!»
Elle retrouvera toutefois le métier d’actrice dans quelques mois pour incarner l’artiste franco-américaine Niki de Saint Phalle dans un film biographique réalisé par la Française Céline Sallette. «En ce moment, j’accepte seulement les rôles qui se présentent comme une forme de challenge. Il y a certains acteurs qui sont animés par un besoin de jouer. Ce n’est pas mon cas», conclut-elle.
Falcon Lake prend l’affiche le 14 octobre.