Hockey Canada: la patience sera de mise avant de voir de vrais changements
Coup d'oeil sur cet article
Malgré les départs au sein du conseil d’administration de Hockey Canada, il faudra s’armer de patience avant de voir de réels changements dans cette culture organisationnelle qui a totalement perdu sa conscience sociale, estime Dany Baillargeon, professeur à la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Sherbrooke.
• À lire aussi: Rapport Cromwell : changements majeurs requis chez Hockey Canada
• À lire aussi: Hockey Canada: le programme féminin écopera malgré lui
Selon M. Baillargeon, cette culture organisationnelle est beaucoup plus qu’un conseil d’administration et des décisions. «Ce sont des valeurs, des symboles, des personnes et des interactions lors des tournois. Une culture organisationnelle, c’est comme une toile d’araignée, et les petits nœuds sont des valeurs répétées, des symboles et des personnes qui agissent. Il faut toute défaire cette toile pour en recréer une plus saine», a-t-il imagé en entrevue à QUB radio.
M. Baillargeon croit que le prochain conseil d’administration devra regarder l’ensemble des actions chez Hockey Canada. «Il doit se demander comment se fait-il que nous sommes arrivés à un système de valeurs dans lequel le joueur de hockey, perçu comme un athlète de haut niveau en devenir, [est] protégé de toute entrave qui pourrait l’empêcher de devenir un grand joueur», a-t-il déploré.
M. Baillargeon croit qu’un œil extérieur permettrait de mettre en garde les gens lorsqu’on valorise la performance au détriment de la santé mentale ou de saines relations. «Ça prend quelqu’un qui pointe les nœuds défaillants», a-t-il ajouté.
Un changement qui prend du temps
«Tu peux avoir un conseil d’administration en faveur de changements, mais si les employés ne se sentent pas responsables de cette culture, les nœuds vont se refaire. Ça prend plusieurs années pour voir un changement notoire», a réitéré le professeur.
S’il y a un autre cas d’allégation de nature sexuelle chez Hockey Canada, ce sera là le véritable test, estime M. Baillargeon.
«Quand tu es capable de dénoncer tes propres membres, cela démontre qu’il y a des valeurs plus importantes que d’amener un sportif jusqu’à la Ligue nationale de hockey», a-t-il mentionné, ajoutant que le mouvement #MeToo a engendré un changement de culture dans beaucoup d’organismes.