Des locaux vacants transformés en ateliers d'artistes à Montréal
Tout au long de l’automne, des artistes pourront se réapproprier des locaux commerciaux vacants de Montréal pour y exercer leur art. Le grand public est également convié à visiter ces espaces.
«Pour le secteur immobilier, ça a un attrait très puissant. Pour les artistes, ça leur donne l’occasion d’avoir un espace de grande taille et d’aller à la rencontre des gens», a résumé Frédéric Loury, fondateur et directeur général d’Art souterrain, l’organisme qui chapeaute l’initiative Créer des ponts.
Il s’agit d’une deuxième année pour le projet pilote, qui avait été proposé pour la première fois lors de l’été 2021.
Pour une durée de trois mois, jusqu’en décembre selon les endroits, 22 artistes choisis par un comité de pairs auront donc accès à 11 locaux vacants ayant pignon sur rue dans le centre-ville «élargi» de Montréal.
Le tout, avec la bénédiction des propriétaires des différents lieux.
Un financement de 2000$ leur est également accordé.
Ces endroits sont ouverts au public quatre jours par semaine, au cours desquels les passants peuvent visiter les lieux, discuter avec les artistes et même acheter des œuvres.
«On veut soutenir les artistes émergents en période difficile. La quasi-totalité de ces artistes n’ont pas d’atelier ni de communauté bien établie autour d’eux pour les conseiller et les aider, et n’obtiennent pas encore de financement public», a expliqué M. Loury.
Selon lui, l’initiative est également avantageuse pour les propriétaires, qui peuvent malgré tout continuer leurs démarches pour louer leur espace.
«On offre au propriétaire de réaménager de façon sobre et élégante les vitrines et l’intérieur des lieux. Les espaces deviennent beaucoup plus attrayants lorsque le courtier ou le propriétaire a une visite», a-t-il expliqué.
Et si l’un de ces locaux vacants est loué avant l’échéance de trois mois, les artistes concernés sont simplement relocalisés ailleurs.
«On en est encore à une version pilote. Mais notre souhait, c’est qu’il se diffuse tout au long de l’année. On aimerait beaucoup avoir le soutien financier pour pouvoir l’offrir», a révélé M. Loury.
Des espaces pour créer
Sur la rue Saint-Antoine, au cœur du Vieux-Montréal, Tiffany Wong et Molly Bertheaud partagent un espace qui accueillait précédemment un café Starbucks.
«Chez moi, je n’ai pas vraiment l’occasion de voir toutes mes œuvres ensemble sur un mur. C’est génial. Ça développe aussi notre pratique artistique. On peut faire beaucoup d’expérimentations», a révélé Mme Wong, dont la pratique est concentrée sur la peinture.
Pour donner un exemple, elle a expliqué pouvoir travailler sur le plancher, ce qu’elle n’ose pas faire chez elle en raison de ses deux enfants en bas âge.
Pour sa part, Mme Bertheaud avait entendu parler de l’initiative l’été dernier lorsqu’elle a croisé un artiste en résidence.
Elle a, à son tour, postulé cette année.
«Je fais de grandes tapisseries avec une machine à tricoter industrielle. Ma mère est designer de mode. J’ai appris quand j’étais petite, et maintenant je fais ça», a-t-elle confié.
Janna Yotte dispose pour sa part d’un local sur la rue Sainte-Catherine Est, en face du métro Papineau, qu’elle partage avec une autre artiste.
«De pouvoir partager et échanger avec un autre artiste dans mon lieu de travail, c’est vraiment cool. Ça aide parce que ça brise l’isolement. Travailler dans les arts visuels, c’est très solitaire comme travail. C’est un gros plus», a-t-elle remarqué.
Le local lui permet également de travailler sur de grands formats ainsi que d’inviter ses proches à venir voir son art. Des aspects qui auraient été plus difficiles chez elle.