À l’image du capitaine

On ne qualifiera pas le Canadien d’équipe Cendrillon tout de suite, mais les hommes de Martin St-Louis jouent de la façon dont j’espérais. Le CH est à l’image de son nouveau capitaine, Nick Suzuki. 

Ce que je souhaitais avant tout était de voir une équipe acharnée qui ne serait jamais déclassée au chapitre de l’éthique de travail, élément important de l’ADN de Suzuki. Pas facile d’être un jeune capitaine, et malgré une blessure au camp d’entraînement, le leader de 23 ans s’implique et performe. 

Sa responsabilité première est de bien jouer. Il n’a pas encore l’envergure d’un Shea Weber et on ne lui demande pas de parler comme un vétéran de 35 ans, mais il donne l’exemple sur la patinoire et c’est ainsi qu’il doit d’abord exercer son leadership. Il s’adapte rapidement. 

Les deux raisons pour lesquelles le Canadien est dans le coup à chaque match sont justement l’éthique de travail et le brio des gardiens de but. C’est ce que ça va prendre tout au long de la saison pour être dans la course aux séries le plus longtemps possible. 

Comme partisan, je ne me souviens pas avoir vu une formation du Canadien de bas de classement aussi spectaculaire que l’édition actuelle. Suzuki et Cole Caufield font des flammèches et sans les comparer aux trois amigos de Pittsburgh qui sont ensemble depuis 16 ans (Sidney Crosby, Evgeni Malkin et Kristopher Letang), j’espère qu’ils seront des inséparables à Montréal pendant très longtemps. 

Gardiens solides 

Devant le filet, Jake Allen s’est comporté comme je m’y attendais et Samuel Montembeault a très bien joué. Ce dernier a maintenant le respect de la chambre, ce qui n’était pas le cas en début de saison l’an dernier. La clé est d’éviter des raclées du genre 5 à 1. 

Des marqueurs comme Caufield ont parfois des débuts de saison difficiles et ce fut son cas l’an dernier, mais là, il connaît un bon départ. Tant mieux ! 

La défensive du Canadien surprend et je suis très impressionné par Kaiden Guhle. Il se comporte comme un vétéran et remplace admirablement bien Mike Matheson. Reste à voir s’il maintiendra le rythme. Les jeunes sont souvent sous l’effet de l’adrénaline en début de saison et frappent le mur après quelques semaines. 

Le jeu en infériorité numérique du Canadien a été impressionnant. Les gars sont alertes et pressent leurs adversaires de sorte que c’est l’avantage numérique ennemi qui semble être en mode action-réaction plutôt que l’inverse. 

L’effet Robidas 

J’ai l’impression que le nouvel entraîneur adjoint, Stéphane Robidas, n’est pas étranger à l’efficacité des arrières. Tout comme St-Louis, il n’était pas un grand espoir, mais il a connu une belle carrière et il a tout vécu.  

Je me souviens que Michel Therrien aimait la polyvalence de Robidas. Il le faisait jouer à gauche au besoin, même si sa position naturelle était à droite. 

Une transformation

La bonne nouvelle pour le directeur général Kent Hughes, c’est que le noyau des jeunes performe, et qu’on assiste à une transformation. Ça démontre qu’il a raison de croire en eux.

Ça me rappelle mon arrivée chez les Capitals de Washington en 2008. Jusque là, je n’avais jamais vu un vestiaire « contrôlé » par les jeunes, avec Alex Ovechkin, Nicklas Backstrom, Mike Green et compagnie. 

Juraj Slafkovksy n’a rien brisé à ce jour, mais il faut être patient avec lui. D’ailleurs, ça ne va pas beaucoup mieux pour Shane Wright à Seattle. Dans les deux cas, s’ils ne peuvent obtenir suffisamment de temps de glace dans la LNH, un séjour dans les mineures serait souhaitable. 

Jonathan Drouin a sorti un gros jeu pour donner la victoire au CH contre les Penguins. Espérons que ça va lui donner confiance. Il en a besoin. Il n’a presque pas joué depuis deux ans et St-Louis tente de le relancer. Il pourrait être la carte mystère du CH. 

Propos recueillis par Gilles Moffet 

ENTREFILETS 

Les temps changent

J’ai adoré la réaction des gens envers Carey Price au Centre Bell. Il méritait son ovation, mais il y a un autre aspect que j’aimerais souligner. À nos débuts avec le Canadien, Mike Ribeiro et moi aimions avoir des looks différents et on se le faisait reprocher par l’organisation et même les médias. Lundi, Price paraissait bien en habit et chapeau de cowboy. Preuve que les temps changent, personne n’en a fait état. P.K. Subban a certes contribué à cette évolution.  

Merci à Jeff Petry

L’ancien défenseur du Canadien Jeff Petry a eu droit à des applaudissements au Centre Bell, lundi, mais aussi à des huées. Oui, il a connu une année difficile l’an dernier, mais, auparavant, il a donné sept belles saisons au Canadien et trop de gens ont oublié cette partie. Par ailleurs, Petry cadre bien avec Pittsburgh et l’on sent que Sidney Crosby est en mission. Il n’a pas dit son dernier mot. 

Début difficile pour Fleury

On verra Marc-André Fleury au Centre Bell la semaine prochaine, avec le Wild. Il a connu des difficultés à ses deux premiers matchs, accordant un total de onze buts. Ça ressemble à son début de saison de l’an dernier à Chicago. Ce n’est pas facile à 36 ou 37 ans d’entamer une nouvelle saison et de se remettre en mode « performance », mais il va se ressaisir.  

Pression à Toronto

Maintenant que Matt Murray est sur le carreau, j’ai hâte de voir si Ilya Samsonov va réussir à s’imposer devant le filet des Maple Leafs. On risque de s’interroger sur les gardiens tout au long de la saison à Toronto. Dommage, car Jack Campbell avait mérité le respect de la chambre, mais pour des raisons financières, il est passé à l’ouest, chez les Oilers. Murray est souvent blessé et l’histoire se répète dans son cas.