Élections de mi-mandat : des raisons d'être inquiets
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Il y a de bonnes raisons de craindre que les élections du 8 novembre prochain aux États-Unis signalent le chant du cygne de la démocratie électorale.
Comme l’a révélé la commission du Congrès sur le 6 janvier 2021, Donald Trump et ses partisans ont bel et bien tenté de détourner la volonté de l’électorat américain après l’élection de 2020.
Pour l’ex-président et ses cultistes, ce n’était que partie remise. À la veille des élections de mi-mandat, plusieurs des garde-fous qui ont empêché le déraillement de la démocratie en 2020 sont sérieusement menacés, ce qui augure mal pour 2024.
Négationnisme électoral
Le plan de match trumpiste était limpide : il fallait entretenir les soupçons sur le processus électoral et manipuler les institutions électorales pour garantir à Donald Trump et à son parti la mainmise sur le pouvoir.
Même si bon nombre de républicains ont condamné la tentative de coup d’État de Trump peu après le 6 janvier 2021, leurs voix se sont ensuite éteintes. Aujourd’hui, une majorité nette des électeurs républicains adhère aux faussetés colportées par Trump selon qui l’élection de 2020 a été frauduleuse. (Rappel : c’est faux, Trump le sait et il n’a aucune preuve de fraudes majeures.) Selon FiveThirtyEight.com, sur 552 candidats républicains aux postes de représentants, sénateurs, gouverneurs, secrétaires d’État ou « attorney general », 200 nient entièrement la légitimité des résultats de 2020, 61 les mettent sérieusement en doute et 122 refusent de se prononcer.
Des postes stratégiques
Parmi ces négationnistes, il y a plusieurs candidats à des postes névralgiques qui ont de bonnes chances d’être élus dans les États clés qui détermineront le gagnant de l’élection présidentielle en 2024. Ces élus pourraient arbitrairement disqualifier des milliers d’électeurs ou refuser de compter leurs votes, ouvrant ainsi la porte à un retour de Trump à la Maison-Blanche.
C’est vrai notamment en Arizona, au Michigan, au Nevada, et en Pennsylvanie, où plusieurs négationnistes ont de bonnes chances de l’emporter. Par exemple, en Arizona, un État clé en 2020, le candidat républicain au poste de secrétaire d’État, Mark Finchem, a ouvertement promis d’exploiter tous les moyens à la disposition du principal responsable de l’administration des élections pour faciliter les victoires républicaines.
Des risques réels
Ces candidats très visibles ne sont pas les seuls à menacer l’intégrité du processus électoral. Une multitude de responsables de la supervision locale des élections se préparent également à compliquer l’accès aux urnes aux électeurs démocrates et à contester la validité de leurs votes.
On utilisera l’intimidation pour décourager les électeurs « indésirables » ou on contestera systématiquement la validité des votes de ceux qui auront osé défier cette intimidation. Dans certains États, notamment en Floride, on multiplie les accusations criminelles de fraude électorale pour que les citoyens incertains de leur statut d’électeur renoncent simplement à voter.
Bref, les dangers qui guettent la démocratie américaine sont réels. Malgré cela, même si les républicains affichent ouvertement leur mépris pour les valeurs démocratiques et même s’ils cherchent à éliminer l’incertitude des résultats de 2024, il est fort possible qu’ils fassent des gains électoraux majeurs en novembre. Que voulez-vous, ça coûte cher de faire le plein d’une grosse bagnole...