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Chantal Fontaine: «Je sens vraiment que je suis sur mon X»

Chantal Fontaine
Photo Jocelyn Michel, byconsulat.com Chantal Fontaine

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Elle a longtemps joué les « femmes contemporaines », ces femmes fortes, de tête, et en pleine possession de leurs moyens. Mais à 57 ans, Chantal Fontaine était mûre pour un nouveau défi. Ses prières ont été exaucées avec la série Ma mère, où elle se glisse dans la peau – et la psyché – d’une dame souffrant de trouble bipolaire, endossant ainsi le rôle « le plus vaste et le plus complexe » de sa carrière.

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Ses projets, comme ses personnages, ont marqué l’imaginaire collectif, depuis L’or du temps jusqu’à Scoop, en passant par Urgence, Au nom du père et du fils ou, évidemment, Virginie. Il va sans dire que ces séries lui ont évidemment apporté succès et épanouissement au fil des ans. 

Mais depuis un bon moment déjà, Chantal Fontaine rêvait d’autre chose : de personnages troublés, vulnérables et parfaitement imparfaits. Bref, des rôles qui allaient la porter ailleurs, loin de là où le public l’attendait. 

Le déclic

Un déclic en ce sens s’est récemment fait, tant chez le public que dans l’industrie. Ce déclic, il a un nom : Jeannine. C’est en effet ce rôle de femme de caïd de la drogue, dans C’est comme ça que je t’aime, qui est venu brasser les cartes et la guider vers des avenues jusqu’alors insoupçonnées. Car la comédienne y apparaissait à des lieues de son casting habituel, avec son bronzage excessif, ses décolletés généreux et ses cheveux crêpés. 

Dire que Jeannine n’est pas passée inaperçue tiendrait pratiquement de l’euphémisme. 

« J’ai rarement eu autant de commentaires sur un rôle ! s’exclame Chantal Fontaine. Ça a beau avoir été un personnage secondaire, Jeannine a vraiment changé la donne, elle m’a replacée dans l’échiquier. J’ai l’impression que ça a ouvert l’imaginaire des gens », ajoute la comédienne en entretien au Journal

Le tournant était donc fermement amorcé. Et il s’est poursuivi, appuyé d’abord par le rôle de Monique dans Un lien familial, puis celui de Chantal Bélanger dans Ma mère, attendu sur les ondes de TVA à compter du 8 novembre. 

Mal invisible

Dans cette suite spirituelle de la série Mon fils, la comédienne devient une mère de famille souffrant d’un trouble bipolaire qui tentera de reprendre sa vie en main après un séjour en prison. Mais son retour dans le quotidien de ses enfants – et de ses gendres – rouvrira des blessures du passé, jamais complètement cicatrisées. 

Ce personnage, on le devine aisément, est complexe. Il requiert des nuances aussi subtiles que nombreuses. Bref, il représente ce qu’on appelle communément un « très grand défi », même pour une comédienne de la trempe de Chantal Fontaine. 

Certes, cette formulation est galvaudée tant elle est utilisée à toutes les sauces. Mais aucune autre ne pourrait mieux décrire l’expérience de la série Ma mère

« Chantal Bélanger, c’est un personnage dense, intense, acquiesce Chantal Fontaine. On n’a pas le temps d’aller dans le superficiel, dans le secondaire. Son histoire doit être racontée en six heures, donc on s’en tient à l’essentiel ; je ne connais pas sa couleur préférée, par exemple, tant chaque scène est chargée d’émotion et de sens. Je rêvais d’un rôle comme celui-ci. Et je sens vraiment que je suis sur mon X comme je l’ai rarement été », poursuit-elle. 

Recherches et rencontres

Mais comment incarner à l’écran avec justesse, délicatesse et, surtout, respect ce mal invisible qui afflige en silence bon nombre de Québécois ? Ça prend évidemment un travail de recherche exhaustif, exercice auquel Chantal Fontaine s’est prêtée durant plusieurs semaines en amont du tournage.

Outre la documentation et les incontournables vidéos visionnées sur YouTube, c’est au fil de rencontres avec des gens côtoyant des proches souffrant d’un trouble bipolaire que le personnage a pris forme en Chantal Fontaine. Car il était hors de question pour elle de tourner les coins ronds, de tomber dans le misérabilisme ou, pire encore, la caricature. 

« Le trouble bipolaire peut prendre différentes formes. Mais l’important, c’est de ne jamais oublier qu’il y a une personnalité sous ça. La maladie mentale ne définit pas une personne. Alors c’est du travail de funambule d’incarner ça ; c’est certain que c’est difficile à jouer. Mais en même temps, c’est tellement satisfaisant », explique-t-elle, saluant au passage la « fine broderie » des textes signés Anne Boyer et Michel d’Astous.   


♦ La série Ma mère sera diffusée TVA sur compter du 8 novembre. 

L’héritage de Virginie 

Même s’il y a près de 15 ans que Chantal Fontaine a quitté l’école Sainte-Jeanne-D’Arc, son personnage de Virginie Boivin dans la quotidienne de Fabienne Larouche demeure bien vivant dans l’esprit de ses fans. Et il est bien loin de vouloir s’estomper de notre mémoire collective. 

Chantal Fontaine
Photo Jocelyn Michel, byconsulat.com

Non, plus personne ne l’appelle « Virginie » en la croisant. Chantal Fontaine a depuis bâti une feuille de route assez fournie pour que nul ne pense à la réduire à ce personnage, aussi marquant a-t-il été. N’empêche, on l’aborde encore pour lui parler de ce rôle. 

« Beaucoup de personnes me racontent qu’ils ont appris le français en écoutant Virginie. Je me le fais dire énormément par des nouveaux arrivants qui voyaient ça comme un devoir à l’époque : ils prenaient cette demi-heure, chaque soir, pour se familiariser avec notre langue. Je suis quand même fière d’avoir fait partie de leur quotidien », raconte Chantal Fontaine. 

Et pourquoi Virginie plus qu’une autre série ?

« Il y avait les enseignants qui avaient un bon langage, et les jeunes qui parlaient, eh bien, comme les jeunes. Ça leur donnait vraiment un polaroïd du langage québécois, de comment on parle français ici », avance-t-elle. 

Les souvenirs qu’elle garde – comme ceux qui sont régulièrement évoqués par les fans – sont inva-riablement positifs. Car ce lien privilégié avec le public, elle l’a tissé jour après jour durant 12 années. Son départ de l’émission en 2008 a beau avoir été difficile, il était nécessaire pour la comédienne. 

« J’ai aimé ce personnage-là au point de lui donner ma trentaine. Mais je le connaissais par cœur, j’étais dans de grosses pantoufles bien dorées. J’avais soif de défis, j’avais envie de me confronter à mon métier et d’explorer d’autres univers », confie Chantal Fontaine. 

Comme Béatrice Picard

Et c’est exactement ce qu’elle a fait... et qu’elle souhaite continuer à faire le plus longtemps possible. Chantal Fontaine ne le cache pas : les rôles principaux destinés aux femmes dans la cinquantaine ne sont pas légion au Québec. 

Un constat triste, certes, mais qu’elle refuse de laisser freiner ses ambitions. 

« Je veux faire une Béatrice Picard de moi-même et continuer à travailler à 93 ans, à jouer de beaux personnages, qu’ils soient principaux ou secondaires. Dans le fond, tout ce que je veux, c’est pouvoir continuer à faire mon métier le plus longtemps possible. Je lance ça dans l’univers », conclut Chantal Fontaine. 

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