Faire des cachotteries financières à son conjoint

Dites-vous tout à votre conjoint ? Certains préfèrent se taire lorsqu’ils ont des problèmes financiers et font même faillite sans que leur douce moitié soit au courant ! Voici quelques exemples de cas vécus.

Il arrive que l’on préfère garder des choses pour soi. Ainsi, on peut préférer ne pas avouer à son nouveau conjoint que l’on est endetté de peur qu’il nous juge. Ou encore, dans un couple établi, l’un des deux développe une dépendance ou se lance dans des achats compulsifs sans que l’autre s’en aperçoive. 

« À l’époque de nos parents, les finances étaient partagées de sorte qu’il était pratiquement impossible de faire des cachotteries. Mais de nos jours, les couples gèrent souvent leurs finances de façon indépendante. Ils demeurent maîtres de leur argent en dehors des dépenses communes », explique Pierre Fortin, syndic autorisé en insolvabilité et président de Jean Fortin & Associés.

Il ajoute qu’il n’est pas rare qu’un conjoint vienne consulter sans que l’autre le sache. 

« Puisque tous les avis et autres communications peuvent être effectués par courriel, rien ne sera expédié à l’adresse postale du couple. Discrétion absolue », précise Pierre Fortin. Il présente ici quelques dossiers qui ont déjà été traités dans ses bureaux.

Problèmes de jeu

Un homme dans la cinquantaine, marié depuis plusieurs années, a accumulé des soldes de 80 000 $ sur ses cartes de crédit à cause de problèmes de jeu. Il a aussi caché à sa conjointe qu’il a réhypothéqué la résidence familiale, laquelle est uniquement à son nom. Ne voulant pas que sa femme apprenne sa dépendance au jeu, il a déposé à son insu une proposition de consommateur pour rembourser ses créanciers.

Autre cas relaté par un conseiller de la firme Jean Fortin : une femme ayant un problème de jeu et d’achats compulsifs s’est endettée de 40 000 $. Plutôt que d’en parler à son mari et de tenter un refinancement hypothécaire de leur résidence, elle a préféré déposer discrètement une proposition de consommateur.

Parfois, c’est un détail qui permettra toutefois au conjoint de découvrir le pot aux roses. Ainsi, un appel d’une agence de recouvrement à la maison familiale en l’absence de sa femme a permis à un homme d’apprendre que sa conjointe était très endettée. Celle-ci a fait faillite peu de temps après.

Perte d’emploi et deuxième faillite

Un homme a contracté un prêt de 32 000 $ sans avertir sa femme. Or, après avoir perdu son emploi, il s’est retrouvé dans l’impossibilité de le rembourser. Il contacte donc les professionnels de Jean Fortin & Associés pour trouver une solution. Les premières démarches ont été effectuées par sa fille et celle-ci continue à assurer les communications entre le syndic et son père, dans le plus grand secret. Une proposition de consommateur a été acceptée par les créanciers et la situation est désormais maîtrisée, mais l’homme hésite encore à en informer sa conjointe.

Une femme dans la soixantaine vient de faire sa deuxième faillite sans mettre son mari dans la confidence. Pourtant, il l’avait soutenue dans le processus d’une première faillite, mais elle était trop honteuse de lui avouer qu’elle s’était endettée à nouveau. Ayant aussi d’importants problèmes de santé, elle préfère emporter son secret avec elle... 

Conseils

• Chacun est responsable de ses propres dettes et le défaut de paiement, la faillite ou la proposition de consommateur d’un des membres du couple n’ont aucun impact sur l’autre, que l’on soit mariés ou conjoints de fait. La seule exception à cette règle est lorsque l’autre conjoint cautionne ou cosigne la dette. Dans ce cas, les difficultés financières se répercuteront sur lui si le conjoint n’assume pas les paiements prévus au contrat.
• Une relation de couple a plus de chance de traverser le temps si elle repose sur la franchise et la transparence, et il est toujours préférable de jouer franc-jeu. En confiant vos difficultés financières à votre conjoint avant que cela n’aille trop loin, vous pourriez éventuellement compter sur son aide et éviter ainsi une proposition de consommateur ou une faillite.
• Lorsque la cause de l’endettement est liée à un problème plus grave comme des achats compulsifs ou une dépendance, en parler permettra aussi d’aller chercher de l’aide afin de régler du même coup le problème à la source de l’endettement.