Procès de Dany Fortin : la défense mise sur les «contradictions» de l’accusatrice
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Lors du plaidoyer final pour prouver l’innocence du major-général Dany Fortin, l’avocate du militaire a relevé un ensemble de «contradictions» de l’accusatrice et misé sur la présomption d’innocence de son client, faisant valoir qu’une condamnation dans ce dossier représenterait un «dangereux» précédant.
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Le militaire, à qui Ottawa avait confié la tâche de distribuer les vaccins contre la Covid-19 pendant 2021, est accusé d’avoir agressé sexuellement la plaignante dans un dortoir du collège militaire de Saint-Jean-sur-Richelieu en 1988.
Le mois dernier, l’accusatrice déclarait devant la cour avoir été réveillée par le militaire après que celui-ci eut pris une de ses mains pour se masturber sans son consentement, une affirmation que dément catégoriquement M. Fortin.
Des «failles» dans le récit, selon l’avocate
Au palais de Justice de Gatineau, lundi, l’avocate du principal intéressé, Isabel Schurman, a martelé que le récit de la plaignante, malgré sa «sincérité», contenait de multiples «failles» faisant douter de sa «fiabilité» et de sa «crédibilité».
Plusieurs éléments du témoignage de l’accusatrice devant la cour différaient de la version donnée antérieurement aux enquêteurs de la police au moment du dépôt de la plainte, selon l’avocate.
Entre autres choses, l’accusatrice avait signifié aux policiers avoir subi des attouchements au niveau du sexe, avant de dire lors du contre-interrogatoire qu’aucun geste de cette nature n’avait été fait.
Elle a aussi dit ne pas se souvenir laquelle de ses mains avait été empoignée pour masturber l’accusé et ne se rappelait plus ce que faisait l’autre main à ce moment.
Par ailleurs, l’accusatrice avait d’abord déclaré aux policiers que l’événement remontait à 1989 plutôt qu’en 1988, comme elle l’affirme maintenant.
Un autre élément central du plaidoyer de non-culpabilité se trouvait dans l’identification approximative de l’accusé, dans un contexte où le dortoir était très faiblement illuminé au moment de l’agression alléguée. Ce contexte rendait difficile de savoir comment l’agresseur allégué était vêtu, ou même de reconnaitre les traits de son visage, a-t-elle admis.
L’accusatrice, dont le nom est frappé d’un interdit de publication, avait indiqué aux policiers qu’elle avait reconnu M. Fortin en raison de son accent «français» lorsqu’il parlait en anglais, avant de dire devant la cour qu’aucun mot n’avait été prononcé lors de l’acte allégué.
Finalement, l’accusatrice de l’époque avait déclaré avoir signalé l’agression présumée à son copain de l’époque tout de suite après qu’elle eut pris fin. Appelé à témoigner par la défense, l’homme en question avait dit n’avoir aucun souvenir de cet événement.
Un dénouement prochain
La procureure Diane Legault doit livrer son plaidoyer final mardi matin au palais de Justice de Gatineau. Le juge devrait livrer son verdict sur la culpabilité de Dany Fortin plus tard cette semaine.
Dany Fortin s’était vu retirer ses responsabilités par la Défense peu après le dévoilement de cette accusation à son endroit, l’année dernière. Il s’agit du premier cas d’agression sexuelle liée à l’armée à se retrouver devant une cour civile depuis 1998.