Thalidomide: l'opposition outrée
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OTTAWA | Les partis d’opposition sont outrés que le gouvernement fédéral refuse d’indemniser des survivants de la thalidomide sur la base d’un algorithme, sans même les rencontrer.
«C’est épouvantable», gronde le député Luc Thériault, porte-parole du Bloc québécois en matière de Santé.
«Quand l’État décide de mettre en place un programme d’indemnisation, il a la responsabilité de traiter les gens humainement avec des humains qui sont capables de les orienter», dit-il.
Le Journal publiait lundi le témoigne de Jeanne d’Arc Otis, résidente de Beauport, qui s’est vue exclure du Programme canadien de soutien aux survivants de la thalidomide (PCSST) parce qu’un algorithme juge qu’il est «peu probable» que ses malformations multiples aient été causées par la pilule donnée aux femmes enceintes pour atténuer les nausées.
«Mme Otis a souffert toute sa vie et on lui refuse maintenant la décence d’une entrevue en personne avec les représentants du gouvernement. Il est vraiment inadmissible qu’on lui refuse une juste compensation pour sa douleur et sa souffrance, même après que les libéraux aient soi-disant abordé ces enjeux dans le budget de 2018», critique le député conservateur Pierre Paul Hus.
Processus long et complexe
M. Thériault explique qu’il y a «très peu de gens qui passent à travers toutes les étapes» du processus de tri mis en place par le PCSST. Mme Otis a été éjectée au terme de la deuxième étape du processus. La troisième est la seule qui prévoit une évaluation par un comité médico-légal, indique M.Thériault.
«Il faut absolument que Mme Otis puisse parler à quelqu’un, insiste-t-il. Ça presse. Il ne reste pas grand temps.»
Les survivants ont en effet jusqu’au 3 juin 2024 pour présenter leur demande. Or, d’après plusieurs témoignages de survivants reçus par Le Journal, il faut des années et beaucoup d’énergie pour passer toutes les étapes du processus, sans aucune garantie de succès.
«À mesure qu’ils vieillissent, leur état s’aggrave et ils ont besoin de plus d’aide qu’ils ne peuvent s’en permettre», souligne M.Paul Hus.
«C’est affreux d’un point de vue humain, déplore M.Thériault. Tu as passé ta vie avec une malformation, puis le fardeau de la preuve te revient. Ça n’a pas de bon sens.»
Le ministère de la Santé n’a pas répondu à nos nombreuses questions, notamment à savoir combien de demandes d’indemnisation il avait reçues et combien ont été acceptées depuis la mise en place du PCSST en 2019.
Quant au ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos, son cabinet indique attendre après ses fonctionnaires pour nous répondre.
«Le cabinet du ministre a demandé au ministère de lui fournir toutes les informations relatives au dossier le plus rapidement possible. Nous pourrons en dire plus lorsque ces informations nous auront été partagées», a-t-on écrit au Journal.