Comment éviter que le vapotage affecte une génération complète?
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Bien que les conclusions du dernier rapport de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) sur le vapotage au Québec en 2020, publié le 24 octobre dernier, soient alarmantes, ceux et celles qui côtoient des adolescents au quotidien ne s’en étonneront pas.
Jamais l’augmentation de l’utilisation d’une substance psychoactive n’a été aussi fulgurante qu’avec le vapotage de nicotine chez les jeunes au cours des dernières années. Selon les statistiques les plus récentes, près de la moitié des étudiants du secondaire ont déjà essayé le vapotage. Et comme le révèle le rapport de l’INSPQ, près de 20 % des Québécois de 15 à 17 ans ont utilisé des produits de vapotage au cours du dernier mois, soit quatre fois plus que chez les adultes.
Pas sans risques
La nicotine est une substance pouvant rapidement mener à la dépendance. Cependant, les perceptions de risques très faibles chez les jeunes ainsi que l’omniprésence d’arômes et de vapoteuses jetables ou à cartouche discrète et simple à utiliser font du vapotage une pratique particulièrement attrayante chez les adolescents.
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Bouffée contre bouffée, les aérosols de vapotage auront beau contenir moins d’émissions toxiques que la fumée de cigarette, l’utilisation de tout produit à base de nicotine n’est pas sans risques, surtout chez les jeunes. D’ailleurs, il n’y a pour l’instant pas d’évidence scientifique convaincante permettant de démontrer l’efficacité du vapotage comme méthode de cessation tabagique chez les moins de 18 ans. Il faut aussi considérer que la grande majorité des adolescents qui vapotent ne fumaient pas avant de vapoter, et que plus de 20 % des 15 à 24 ans qui vapotent utilisent aussi la cigarette.
Les enfants et les adolescents devraient être informés des risques à court et moyen terme incluant la dépendance à la nicotine, les impacts potentiels sur le sommeil et la santé mentale, la toux chronique, ainsi que la possibilité de blessure ou d’intoxication. Les risques à plus long terme demeurent inconnus, mais des études récentes suggèrent que le vapotage pourrait mener à des risques cardiovasculaires et respiratoires considérables.
Recommandations
La Société canadienne de pédiatrie recommande plusieurs mesures afin de protéger les enfants et les adolescents contre les risques associés au vapotage. Les médecins devraient parler de vapotage avec leurs patients dès l’âge de 12 ans. Les écoles devraient, elles, fournir de l’information sur les risques du vapotage à partir de curriculums développés avec des professionnels de la santé.
Les instances gouvernementales devraient adopter des lois qui bannissent les produits aromatisés, si populaires chez les jeunes, et renforcer les mesures empêchant la vente et l’accès aux produits de vapotage aux mineurs.
Comment parler de vapotage avec les ados ? Les parents et les proches peuvent initier la conversation en étant à l’écoute et en posant des questions ouvertes, sans jugement. Les discussions autour du vapotage et de la consommation de substances évolueront sans doute avec le temps et refléteront souvent la maturité, ainsi que les pressions sociales vécues par les jeunes.
Les produits de vapotage posent des risques bien réels pour la santé physique et le cerveau en développement des enfants et des adolescents. Le vapotage de nicotine et ses associations avec l’utilisation d’autres substances comme le cannabis provoquent actuellement un véritable raz-de-marée dans les habitudes de vie des adolescents. Les chiffres sont là, la question est maintenant de savoir comment éviter que le vapotage affecte une génération complète, comme l’a déjà fait la cigarette pour les générations passées.
Dr Nicholas Chadi, MD MPH, pédiatre et clinicien-chercheur spécialisé en médecine de l’adolescence et toxicomanie au CHU Sainte-Justine et premier auteur des recommandations sur le vapotage de la Société canadienne de pédiatrie