Formation professionnelle: la pénurie de main-d’œuvre fait baisser les inscriptions
La hausse du coût de la vie des derniers mois a aussi poussé des élèves à décrocher de l’école pour travailler
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La pénurie de main-d’œuvre fait grimper le taux d’abandon et baisser les inscriptions dans les centres de formation professionnelle, qui avaient pourtant connu un petit boum au cœur de la pandémie.
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«On perd des élèves. Les gens commencent leur programme, ils commencent leur stage et là, l’employeur leur dit: non, mais, il faut que tu restes ici à temps plein!», illustre Patrick Capolupo, directeur général adjoint au Centre de services scolaire (CSS) des Affluents.
Dans son coin, le nombre de diplômés des centres de formation professionnelle était l’an passé à son plus bas depuis 2016.
Afin de chiffrer la tendance, Le Journal a fait une demande d’accès à l’information auprès de 50 CSS. Sur les 25 qui nous ont répondu en moins d’un mois, plus de la moitié ont fourni des chiffres en baisse pour 2021-2022 par rapport à l’année précédente.
Près de 80% ont vu leur diplomation baisser (19/24) et 68%, leurs inscriptions baisser (17/25).
Réorientation
La plupart avaient pourtant connu une hausse en 2020-2021. Pour expliquer ce boum temporaire, certains rappellent que des d’élèves ont dû mettre leur projet d’études sur pause lors de la fermeture des écoles au printemps 2020 et donc le reprendre plus tard.
Plusieurs évoquent aussi la grande réorientation causée par la pandémie, dont celle des 10 000 préposés aux bénéficiaires formés par le programme accéléré mis en place par Québec.
Mais après un semblant de retour à la normale, bon nombre de centres peinent à retrouver le nombre d’élèves qu’ils avaient avant la pandémie.
«On a plusieurs étudiants qui ne reviennent pas après l’été. Ils préfèrent rester sur le marché du travail», remarque Daniel-Étienne Vachon, directeur au Centre de formation en mécanique de véhicules lourds, à Lévis.
Le domaine de l’hôtellerie est particulièrement touché. Krystine Lessard, qui enseigne dans les Laurentides, se souvient d’une époque où elle pouvait compter une dizaine de groupes dans les cours de cuisine, pâtisserie et service. «Cette année, on en a juste deux.»
L’inflation aussi en cause
Il n’y a toutefois pas que la pénurie de main-d’œuvre qui est en cause.
Au cours des derniers mois, la hausse du coût de la vie a aussi poussé des élèves à décrocher, ajoute Julie Daigle, directrice adjointe du Centre de formation professionnelle de Québec. «On le voit plus chez ceux qui doivent concilier le travail, les études et la famille. Ils doivent travailler plus pour gagner leur vie et avec les études, ils n’y arrivent plus», dit-elle.
Danger
Avec tous ces jeunes qui se retrouveront sur le marché du travail sans être aussi bien formés qu’avant, un enseignant de soudage-montage de la région de Montréal craint de voir une hausse des accidents sur les chantiers de construction. «C’est ce qu’on pense, moi et beaucoup de confrères», affirme celui qui a préféré garder l’anonymat pour éviter les représailles.
Même sur le plan économique, abandonner une formation professionnelle pour gagner plus d’argent à court terme peut toutefois représenter un «piège» à long terme, souligne Chantale Beaucher, directrice de l’Observation sur la formation professionnelle à l’Université de Sherbrooke.
C’est aussi ce que répètent Patrick Capolupo et ses collègues à leurs étudiants: «Quand la récession va arriver [...], les premiers à perdre leur emploi, ce sont ceux qui n’ont pas de diplôme.»
– Avec la collaboration de Daphnée Dion-Viens
QUELQUES EXEMPLES DE BAISSE EN FORMATION PROFESSIONNELLE
CSS de Charlevoix
CSS des Affluents
CSS Marguerite-Bourgeoys
CSS des Phares
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