«Convoi de la liberté»: près de 200 000$ versés à une agence de communication
Engagée par la police d’Ottawa, on craint qu’elle ait influencé leurs opérations
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OTTAWA | Le Service de police d’Ottawa (OPS) a versé 185 992,85 $ à une agence de communication pour la soutenir durant l’occupation de la capitale fédérale, en janvier et février derniers.
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Le personnel de l’agence Navigator participait à des rencontres quotidiennes avec la direction de l’OPS tout au long de la crise, d’après la facture détaillée présentée en preuve devant la commission d’enquête sur les mesures d’urgence, lundi.
La firme fournissait des services typiques de communication, comme des analyses de la couverture médiatique de la crise, des notes de discours, du soutien à l’organisation de conférences de presse et à la rédaction de communiqués.
Mais ce n’est pas tout.
La firme donnait aussi des conseils stratégiques et assurait le lien avec les représentants de la société civile, y compris les élus du conseil municipal. Elle faisait également des démarches auprès des politiciens pour gagner leur appui.
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Craintes
L’influence de cette entreprise était telle que la cheffe adjointe de la police par intérim, Patricia Ferguson, craignait que Navigator influence négativement les opérations sur le terrain et mette en danger les agents, d’après ses propres notes manuscrites déposées en preuve.
Lors de son témoignage, il y a quelques jours, Steve Bell, qui a remplacé M.Sloly au cœur de la crise, s’est lui aussi montré inquiet de l’influence de Navigator.
Selon lui, l’ex-chef Sloly se livrait à des discussions « inappropriées » avec les experts de Navigator en les incluant dans des discussions « sur comment la police gérait les opérations ».
De son côté, l’ex-chef de l’OPS, Peter Sloly, a nié avoir discuté des opérations avec la firme qui se spécialise en relations publiques, gestion de crise, lobbying et sondages, lors de son contre-interrogatoire lundi à la commission.
Communication fédérale
Outre Navigator, le cabinet du ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, voyait dans le convoi une opportunité de communication, d’après des messages déposés en preuve par l’avocat des manifestants.
Ces messages, émis par un conseiller du cabinet du ministre dans les jours qui ont précédé l’arrivée du convoi, laissent entendre qu’on souhaitait utiliser les « commentaires les plus extrêmes » des manifestants appelant à une insurrection similaire à celle du 6 janvier 2021, à Washington.
« Il pourrait y avoir une opportunité d’utiliser ce narratif », indique le message texte.
En réponse, un autre conseiller politique fait cette mise en garde : « Si nous y allons trop fort, ça pourrait motiver les fous ».