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Guy Nantel et la légitime défense

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C’est un coup de génie de marketing !

Alors que Le Devoir a publié une critique assassine de son spectacle, Guy Nantel a acheté une demi-page de publicité dans ce même journal, qui se conclut par «Si le journaliste du Devoir a détesté, soyez assurés que... vous allez adorer». 

Quand j’ai vu ça, j’ai ri... presque autant qu’au spectacle de Guy Nantel!

Épiderme sensible ?

Comment a réagi le directeur du Devoir, Brian Myles? 

Il a répliqué sur Twitter: «Le Devoir, contrairement à vous, vit bien avec la critique.»

Désolée, mais ce que Le Devoir a publié, ce n’est pas une critique «artistique», c’est une critique «idéologique». 

Nantel demande simplement que les critiques de spectacles... critiquent le spectacle. Dire qu’un humoriste n’est pas drôle, ça c’est une critique. Mais traiter quelqu’un d’homophobe ou de raciste, ce n’est pas une critique de spectacle, c’est un procès d’intention. 

Le plus surprenant, c’est que quatre jours avant, le journaliste du Devoir avait publié une entrevue avec Nantel où il le citait abondamment. Quelques extraits: «L’objectif, c’est que les gens passent la soirée à te trouver odieux, mais qu’ils aient quand même envie de prendre une bière avec toi à la fin».

Deuxième extrait: «J’estime que la distinction entre mes opinions et celles du personnage que j’incarne sur scène est très claire».

Le critique écrit même dans son texte: «Nantel avoue qu’il ressent un vif plaisir à incarner sur scène un personnage ignoble».

Mais que s’est-il donc passé en quatre jours? Le critique du Devoir a oublié qu’il s’en allait voir un spectacle où Nantel joue un personnage «ignoble» et «odieux»?

Vous savez quel est le passage du texte du Devoir qui m’a le plus dérangée? C’est quand Christian St-Pierre écrit: «En incarnant sur scène un personnage qui exprime de manière un brin hypertrophiée des idées qu’il défend avec vigueur en tant que politicien, ou alors comme chroniqueur et essayiste, l’homme suscite un profond malaise». 

C’est faux. Le personnage de Nantel affirme sur scène que 6 milliards d’individus devraient disparaître pour que la planète respire mieux. Où, dans la plateforme politique de Nantel, dans ses deux livres ou dans ses chroniques dans mon émission à QUB radio, Nantel dit-il une telle énormité?

Dans son spectacle, le personnage de Guy Nantel affirme qu’il aimerait toucher l’héritage de sa mère, un bon 200 000 $, et que pendant la pandémie, il lui toussait en pleine face... 

Si le critique du Devoir pense réellement que Nantel veut tuer sa propre mère en lui donnant volontairement la COVID pour récupérer son héritage, c’est à la police qu’il devrait écrire et pas dans un journal! Qu’il appelle le 911 et ça presse!

Pas occupation double

Il s’est dit et écrit beaucoup de niaiseries au sujet de «L’affaire Nantel». Mais la palme de la stupidité revient à ceux qui ont osé dire que Nantel intimidait le critique du Devoir

Si c’était une chanteuse racisée non binaire qui avait été la cible d’un texte aussi virulent que celui du Devoir, elle aurait eu le droit à la légitime défense en dénonçant la critique.

Mais il faut croire que Nantel, lui, n’a pas le droit de se défendre quand il est attaqué.

C’est exactement ce «deux poids, deux mesures» que Nantel dénonçait récemment à Tout le monde en parle.

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