Tunnel La Fontaine: il se loue une chambre à ses frais pour éviter le trafic

Un travailleur de la construction de la Rive-Nord s’est résigné à devoir louer une chambre près de son lieu de travail afin de déjouer le trafic causé par les travaux dans le pont-tunnel.  

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Danick Castonguay était déjà dans sa voiture à 4h, lundi matin, même s’il ne commençait son quart de travail qu’à 7h. Le travailleur de la construction avait aussi avec lui tous ses lunchs et ses habits pour la semaine, car il a décidé de se louer une chambre près de son lieu de travail. 

«Ça nous fait mal, pis pas à peu près, la fermeture partielle du tunnel», lance le tuyauteur de 49 ans, debout sur le pont du traversier Alexandrina-Chalifoux, qui relie Saint-Ignace-de-Loyola à Sorel-Tracy. 

Il est 5 h 10 à ce moment-là. Danick vient de sortir de sa voiture pour serrer la pince du représentant du Journal. Il a pris le premier traversier de la journée, celui de 5h, pour être certain d’arriver à l’heure. 

«Chaque bateau compte pour moi, je ne peux pas me permettre de le rater parce qu’il est plein», dit-il. 

Depuis quelques semaines, il est d’office chez Rio Tinto, à Sorel-Tracy, pour le compte de son employeur, Construction GDM. Il fait des journées de 10 heures, de 7h à 17h. 

C’est d’ailleurs pour ça qu’il s’est loué une chambre chez un collègue à 125 $ par semaine, somme qu’il va payer de sa poche. 

«Je suis chanceux, mais je suis bien mieux dans mon lit», lance-t-il avec le sourire. 

Sa crainte est que les camions lourds s’accumulent à la traverse chaque matin, en raison de la congestion causée par la fermeture partielle du tunnel. Comme ils ont priorité sur les voitures, cela pourrait le retarder de façon importante. 

Dur sur la santé mentale

Résident de Charlemagne, il passait déjà de 15 à 20 heures par semaine dans sa voiture pour se rendre au travail. 

«Je tiens à mon sommeil et à ma qualité de vie. Notre travail est rough sur le corps, mais le trafic, c’est rough sur la santé mentale», explique-t-il pour justifier son choix de se payer une chambre à proximité de l’usine. 

Comme ses deux filles sont maintenant grandes et parties de la maison, il n’a eu que sa femme à convaincre, et elle a accepté. 

Il nous montre une photo de son chat, prise dimanche soir, couché sur un de ses sacs. «Même lui voulait pas que je parte!» lâche-t-il. 

Il se donne quelques semaines pour évaluer la situation et décider s’il restera dans sa chambre louée ou non. 

Autre technique

Contrairement à Danick Castonguay, Yanik Pilon ne s’est pas loué de chambre à Sorel. Le monteur d’acier actuellement en contrat à l’usine de Rio Tinto habite Repentigny. Pour prévenir le coup, il était lui aussi dans le premier traversier, à 5h, lundi matin. Il est parti 30 minutes plus tôt de chez lui, et en a profité pour faire une «sieste» à son arrivée dans le stationnement. «Je suis chanceux dans notre malchance», dit-il. 

«C’est fini Montréal» 

Simon Dupuis, 40 ans, ne souhaite plus du tout aller travailler à Montréal. «Je vais laisser ça aux jeunes», rigole le mécanicien industriel avec 20 ans d’expérience. Il peut être appelé à faire trois mois à un endroit comme il peut en faire trois endroits en une semaine. Si la fermeture partielle du tunnel le refroidit pas mal, ses services sont assez en demande pour qu’il n’ait pas à s’inquiéter.