Immigration : le flou artistique du fédéral
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Le gouvernement Trudeau a donc sorti un nouveau chiffre de son chapeau : dès 2025, les seuils seront maintenant de 500 000 immigrants par année.
Un changement majeur en politique canadienne : de 2014 à 2025, les cibles ont pratiquement doublé.
A-t-on seulement des études pour justifier ces nouvelles cibles ?
Pas vraiment, comprend-on en écoutant Sean Fraser, ministre fédéral de l’Immigration.
Il rétorque plutôt par un cliché : pour combler nos besoins de main-d’œuvre, il faut hausser les seuils.
Or, les économistes font consensus : une hausse des seuils d’immigration a un effet assez faible sur la pénurie de travailleurs.
Autre question : sait-on aussi si les provinces sont en mesure de recevoir plus de nouveaux arrivants ? Autre réponse brumeuse du fédéral.
On a consulté les provinces, dit-on dans un langage technocratique.
Seulement, on s’en fout un peu.
Les services de santé, les places en garderie, le logement, le fait français, tout cela est le fait des provinces.
À Ottawa on décrète, que les provinces s’arrangent ! D’ailleurs, qu’en est-il aussi des ministères de l’Immigration canadien et québécois, dignes des 12 travaux d’Astérix, qui atteignent des niveaux inégalés d’inefficacité ?
Ici, les nouveaux arrivants attendent en moyenne 28 mois pour obtenir la résidence permanente. Une bureaucratie déshumanisante. Au fédéral, 2,6 millions de dossiers sont toujours en attente de traitement. Un fouillis total.
Vertueux
C’est une posture idéologique qu’adopte le gouvernement Trudeau.
On fait de la vertu une politique, et on admire la propre image de nous-mêmes.
Qu’importe les conséquences pour le Québec, en tenaille dans une position inconfortable et intenable.
Ottawa politise, à l’envers, la question de l’immigration.
Il en fait une question excessivement morale, pour le Canada lui-même et vis-à-vis du Québec.
Pourtant, le Québec n’a pas à rougir. On accueille généreusement, et on peut en être fier.
Tout est une question de perspective.
Sur l’immigration, le Québec devient l’exception dans le Canada.
Mais l’exception la plus notable, c’est celle du Canada dans le monde.