Congestion: pas moins de 140 villes ont plus de trafic que Montréal
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À Istanbul et à Mumbai, les automobilistes perdent au moins deux fois plus de temps dans le trafic qu’à Montréal. Il reste que la métropole fait piètre figure en Amérique du Nord, où elle trône au 8e rang des endroits les plus congestionnés parmi les 93 villes classées selon l’indice de trafic TomTom en 2021.
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«Ce n’est pas un résultat reluisant. Montréal est congestionnée par rapport aux autres villes comparables d’Amérique du Nord et grimpe petit à petit par rapport à Toronto», remarque Richard Shearmur, professeur et directeur de l’École d’urbanisme de l’Université McGill.
Il explique qu’il vaut mieux comparer la métropole québécoise avec d’autres villes semblables du même continent plutôt qu’avec des villes d’Europe ou d’Asie, où la densité, l’aménagement et l’approche en matière d’urbanisme sont complètement différents.
Rattraper Toronto
Certes, la métropole arrive derrière de grandes villes comme Mexico et New York, mais elle rejoint Toronto avec un taux de congestion de 24 %. Cela signifie qu’en moyenne, un trajet de 30 minutes dure 7 minutes de plus dans la congestion en comparaison du temps de base, quand la circulation est fluide.
«L’impression que j’ai, c’est qu’il n’y a pas eu autant de retards en Ontario en matière de maintien des infrastructures. À Montréal, la majorité des infrastructures ont été construites dans les années 50 et 60 et n’ont pas été bien entretenues», avance M. Shearmur.
L’expert évoque même la commission Charbonneau, qui a mis en lumière une «connivence de longue date» dans l’industrie de la construction. «Peut-être qu’on en paye le prix aujourd’hui avec les travaux à n’en plus finir», dit-il.
Un cas à part
Pour l’expert, il faut non seulement faire attention aux comparaisons en dehors de l’Amérique du Nord, mais aussi avec certaines villes canadiennes.
À Vancouver, en troisième place en Amérique du Nord, il y a moins d’autoroutes que dans la plupart des villes canadiennes et américaines du classement, souligne-t-il.
«Comme il y a moins d’autoroutes, tout le trafic passe par des routes urbaines, où le transport en voiture est plus pénalisé», explique-t-il.
Richard Shearmur rappelle par ailleurs que l’indice 2021 ne tient pas encore complètement compte de la reprise post-pandémie et pas du tout des travaux du tunnel La Fontaine.
L’indice TomTom
L’indice TomTom classe 404 villes de 58 pays sur 6 continents, selon leur niveau de congestion. Il en est à sa onzième année d’existence.
Le taux de congestion est calculé en comparant le temps de déplacement dans la congestion au temps de déplacement lorsque la circulation est considérée comme fluide, à partir de données anonymes provenant de 600 millions d’auto-mobilistes qui utilisent la géolocalisation sur leur GPS ou leur téléphone intelligent.
Un taux de congestion de 53 % signifie que pour un déplacement de 30 minutes il faut 53 % plus de temps pour faire un déplacement en voiture dans le trafic que hors congestion. Ainsi pour un trajet de 30 min, il faut 15,9 minutes de plus (0,53 x 30).
Le site internet fournit à la fois des données en temps réel et des moyennes calculées sur un an.
ISTANBUL
1er Rang (142 h perdues par an)
La mégapole turque de plus de 15 millions d’habitants arrive au premier rang du classement TomTom en 2021 avec un taux de congestion de 62 %, soit 19 minutes de plus pour un déplacement de 30 minutes.
Le trafic est surtout à éviter le vendredi entre 18 h et 19 h. En se déplaçant plus tard en soirée à la fin de la semaine, on peut gagner l’équivalent de 5 heures par an.
MUMBAI
5e Rang (121 h perdues par an)
Si la situation s’est un peu améliorée avec la pandémie, cette ville densément peuplée de la côte ouest de l’Inde n’en a pas fini avec la congestion.
Au deuxième rang en 2020, elle est toujours dans le top 5 des villes les plus congestionnées au monde avec un taux de congestion de 43 % et plus de 121 heures par an perdues dans le trafic.
TOKYO
17eRang (98 h perdues par an)
Le trafic n’épargne pas Tokyo, la ville la plus peuplée de la planète avec plus de 37 millions d’habitants.
La capitale du Japon vient au 17e rang du classement, avec un taux de congestion de 43 %. Un trajet de 30 minutes en voiture prend 19 ou 20 minutes de plus dans le trafic que hors congestion.
Même en état d’urgence pendant la pandémie, le trafic était visible à l’heure de pointe à partir du Shibuya Sky, en janvier 2021, comme en témoigne cette photo.
CRACOVIE
20e Rang (96 h perdues par an)
Quelques villes polonaises figurent haut dans le classement, dont l’une des plus anciennes du pays, Cracovie.
Le trafic a repris de plus belle après le confinement du printemps 2020, comme en témoigne cette photo prise à la mi-juin 2022.
MEXICO
28e Rang (87 h perdues par an)
La ville la plus populeuse d’Amérique du Nord est aussi la plus congestionnée du continent, selon l’indice.
Seulement vendredi midi dernier, on comptait plus de 450 bouchons de circulation dans la capitale mexicaine.
VANCOUVER
53e Rang ( 75 h perdues par an)
Vancouver arrive au 53e rang mondial, mais au 3e rang des villes d’Amérique du Nord, avec un taux de congestion de 33 %.
Mais le classement de la ville de la côte ouest de la Colombie-Britannique révèle les failles de l’indice TomTom, selon Richard Shearmur.
Beaucoup de gens au centre-ville se déplacent à pied, à vélo ou en transport en commun et l’indice n’en mesure pas l’impact sur le réseau routier.
TORONTO
145e Rang (55 h perdues par an)
Les Montréalais n’ont rien à envier à la métropole ontarienne, où les automobilistes perdent autant de temps dans les bouchons.
Le retour à la maison y serait par contre un peu plus court (43 minutes pour un trajet de 30 minutes, en comparaison de 45 à Montréal).