L’issue, demain, peut changer le monde
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Il n’est pas exagéré de dire que les élections américaines de mardi risquent de changer la face du monde si les républicains remportent les deux chambres, comme les sondages l’indiquent.
Les élections de mi-mandat sont souvent mauvaises pour le parti du président au pouvoir. La posture dans laquelle se trouvent les démocrates n’a rien d’extraordinaire en soi.
En revanche, le Parti républicain d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celui d’il y a encore quelques années. Le Parti républicain est devenu un rassemblement d’Américains qui vénèrent Donald Trump.
Ceux qui s’imaginent que les républicains pourraient choisir à l’investiture présidentielle un autre candidat que Trump n’ont qu’à regarder les récents sondages : Trump arrive en tête avec environ 50 % du vote parmi les partisans républicains, tandis que Ron DeSantis, son plus chaud rival, récolte près de 25 % des voix.
Sans Trump, jamais le Parti républicain ne serait devenu un culte trumpiste. Trump est un génie du marketing.
Trois enjeux
Il a bien compris que les électeurs américains butaient contre trois enjeux politiques autour desquels le Parti démocrate ne parvient pas à renouveler son programme.
L’immigration, le wokisme et la baisse du pouvoir d’achat des Américains moyens sont au cœur de la campagne actuelle. Face à eux, l’avortement et la guerre en Ukraine ne sont que des questions secondaires.
Dans le contexte de la société américaine, ces trois enjeux nourrissent le sentiment des Américains de race blanche qu’ils sont en train de perdre le pouvoir aux mains de diverses minorités et que ces minorités vont leur appliquer une médecine raciale similaire à celle qu’ils leur ont fait subir pendant plus de deux siècles.
Les solutions républicaines sont naïves, égoïstes, racistes, antidémocratiques et, en plus, inefficaces. Les baisses d’impôt qu’ils préconisent vont accentuer les inégalités sociales. La concentration du pouvoir électoral et juridique entre leurs mains mènera à une sorte d’apartheid.
Plus un partenaire fiable
La montée des républicains et leur probable contrôle des deux chambres enverront au reste du monde le même signal que celui que Trump avait envoyé pendant son mandat : les États-Unis ne sont plus un partenaire fiable.
L’Ukraine n’est plus au premier rang de leurs priorités, l’OTAN leur coûte trop cher, la démocratie n’est pas si importante et les régimes dictatoriaux peuvent devenir de bons partenaires.
Dans ces conditions, il est bien évident que la guerre en Ukraine va changer de nature. Les pays de l’Union européenne seront plus que jamais déchirés entre leurs intérêts propres et ceux de l’Union.
Même la politique envers la Chine pourrait changer, malgré la relative entente entre démocrates et républicains à son égard. Trump aime trop les profits rapides.
Quant au Canada, il subit l’influence de plus en plus forte des grilles d’analyse américaines. À terme, cet impérialisme culturel favorise probablement les partis conservateurs au Canada.