Cyberattaque chez Sobeys: des commerçants ne peuvent toujours pas passer leurs commandes
Depuis six jours, les marchands québécois sont incapables de passer des commandes dans le système de Sobeys, toujours en panne. Pendant que les tablettes se vident, les marchands se font museler par la maison-mère.
« Mon livreur de Sobeys est passé et il m’a dit “on s’est fait pirater !” », raconte l’employé derrière la vitre d’un Shell, dont les dépanneurs sont aussi les propriétés de Sobeys. « Moi je suis chanceux, j’ai passé une grosse commande la semaine dernière. Mais si ça continue, ça va se vider, c’est sûr. »
Au Québec, les enseignes IGA, IGA Express, Shell, Bonichoix, Tradition, Bonisoir, Voisin et les boutiques Rachelle-Béry sont toutes dépendantes du système de Sobeys pour leurs commandes.
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Des comptoirs vides
« Nos comptoirs sont vides et nos tablettes, dégarnies. Les clients sont mécontents et ne comprennent pas puisque Sobeys exige qu’on ne dise rien », raconte la propriétaire d’un Bonisoir, sous le couvert de l’anonymat (comme tous les gens cités dans ce texte).
Le Journal a visité plusieurs commerces affectés par ce que Sobeys continue d’appeler un « problème informatique », même si tous les indices pointent vers une cyberattaque. Si dans plusieurs IGA tout semble fonctionner comme d’habitude, on sent l’inquiétude grandir chez plusieurs marchands.
« Pour les livraisons, c’est un gros problème. On ne peut rien commander. Si ça dure encore quelques jours, ça va devenir problématique. On ne sait pas ce qui se passe. On est dans le noir », raconte la propriétaire d’un Bonichoix sur la Rive-Nord.
Selon nos sources, Sobeys va envoyer des produits aux marchands, mais sur une base historique.
« Le problème, c’est que nous allons recevoir de la marchandise non désirée, et c’est nous qui allons être pris avec ça ensuite », précise un marchand.
Même son de cloche au marché Tradition. « On commence à manquer de stock, mais on a des brokers d’autres compagnies qui nous dépannent, une chance », dit un commis. Sa collègue affirme que le magasin n’a pas le choix de s’adapter en attendant. « Mais on ne sait pas grand-chose. Et quand on sait quelque chose, on ne peut pas parler... »
La loi du silence
Sobeys demande à ses marchands et employés de ne rien dire aux médias ni sur leurs réseaux sociaux. D’ailleurs, plusieurs marchands rencontrés nous ont signifié que même s’ils savaient quelque chose, ils ne pourraient nous le dire.
« On comprend entre les lignes qu’il s’agit d’une cyberattaque, mais jamais ils ne prononcent ce mot », nous a confié l’un d’eux.
« Il y a un gros manque de transparence. Le lien de confiance est brisé entre les marchands et la maison-mère. Nous, on perd de l’argent », déplore la propriétaire d’un Bonichoix.
Rappelons que Sobeys (détenue par Empire Company Limited) aurait subi une cyberattaque depuis vendredi dernier. Elle affecte les Sobeys et leurs marchands affiliés partout au Canada. Selon des rumeurs, les pirates demanderaient 500 Bitcoins en rançon, soit environ 13,5 millions $ CA.
Empire Company n’a toujours donné aucune information depuis son laconique communiqué émis lundi, qui mentionnait un « problème informatique ».
Les bannières exploitées par Sobeys au Québec
- IGA
- IGA express
- Bonichoix
- Tradition
- Boni-Soir
- Voisin
- Dépanneurs Shell
- Rachelle-Béry