La Chine contrôle encore bien des rouages de notre filière électrique
Ottawa vient d’ordonner à trois firmes chinoises de retirer d’urgence leurs investissements
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Même si Québec et Ottawa s’inquiètent de la domination de la Chine sur la filière des minéraux essentiels à l’électrification, ils ferment encore les yeux sur le fait que plusieurs de nos mines sont toujours contrôlées par des intérêts chinois, dénonce MiningWatch.
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« La Chine continue de dominer largement le secteur des transformations des minéraux critiques et stratégiques », déplore Rodrigue Turgeon, coresponsable du programme national de MiningWatch Canada.
Début novembre, le ministre de l’Innovation, François-Philippe Champagne, a « ordonné » à trois entreprises chinoises dans le lithium de se départir de leurs investissements ici, en évoquant à cinq reprises la « sécurité nationale ».
toujours actifs au Québec
Or, d’après MiningWatch Canada, il y a encore des firmes actives au Québec. « Canadian Royalties est le meilleur exemple », pointe M. Turgeon, qui rappelle que la North American Lithium a déjà appartenu aux Chinois.
Au Nunavik, au-delà du 55e parallèle, la mine de cuivre et de nickel de Canadian Royalties appartient à la chinoise Zhongze Holding Group.
« Ce n’est pas tant mettre les yeux sur le gouvernement chinois que le fait qu’il y ait un oligopole. Ça, c’est toujours inquiétant », observe à propos du secteur Paul Bédard, directeur du Centre d’études sur les ressources minérales.
Miser sur les pays démocratiques
Questionnée par Le Journal mardi dernier, la vice-première ministre, Chrystia Freeland, s’est gardée de nommer la Chine, mais a servi un avertissement.
« C’est mieux d’avoir une dépendance à un allié démocratique », a lancé la numéro 2 du gouvernement Trudeau.
« Dans le passé, nous avons vu des entreprises chinoises exporter nos ressources stratégiques directement en Chine, c’est une situation que nous voulons éviter », a réagi Mathieu St-Amand, du cabinet du ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon.
Fin octobre, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a visité sous haute sécu-rité l’usine d’Anjou de Recyclage Lithion, qui a comme deuxième actionnaire la chinoise IMM Global Battery Limited.
Chez Recyclage Lithion, on souligne que les usines qui seront construites ici serviront l’écosystème nord-américain et que GM Ventures est actionnaire.
« Notre approche est donc tout à fait alignée avec celle préconisée par l’administration Biden », estime son v.-p., Yves Noël.
Pékin proteste
Questionné par Le Journal, le Consulat général de Chine à Montréal a dénoncé les « obstacles [qui] sont artificiellement créés » par le fédéral.
« Nous espérons que la partie canadienne peut offrir un climat d’affaires équitable, juste et non discriminatoire pour les entreprises chinoises et celles des autres pays », a-t-il conclu.
Canadian Royalties n’a pas répondu aux questions du Journal.
–Avec Sylvain Larocque
Ces derniers jours, l’Association minière du Québec a indiqué ne pas détenir « l’information concernant l’actionnariat des mines québécoises ».
Quelques-uns des minéraux critiques
- Aluminium
- Cobalt
- Cuivre
- Éléments des terres rares
- Graphite
- Lithium
- Nickel
- Niobium
- Uranium
- Vanadium
- Zinc
*Source : gouvernement du Canada
Les trois entreprises ciblées par Ottawa
- Sinomine (Hong Kong) Rare Metals Resources Co., Limited doit se départir de son investissement dans Power Metals Corp.
- Chengze Lithium International Limited doit se départir de son investissement dans Lithium Chile Inc.
- Zangge Mining Investment (Chengdu) Co., Limited doit se départir de son investissement dans Ultra Lithium Inc.